Alzheimer au Cameroun : les familles de victimes témoignent

Mal connu, l'Alzheimer est souvent considéré comme de la folie ou de l'ensorcellement au Cameroun. Des familles de malades témoignent sur AlloDocteurs.Africa.

Marinette Nguimfack Standley
Rédigé le , mis à jour le
L'Alzheimer est une maladie qui touche beaucoup d'Africains (Illustration)
L'Alzheimer est une maladie qui touche beaucoup d'Africains (Illustration)

Connaissez-vous l'alzheimer? Appelée aussi "maladie d'alzheimer", c'est une maladie irréversible, c'est-à-dire qui ne se soigne pas. Le traitement ralentit simplement la progression de la maladie. Elle se caractérise par la mort des neurones, des cellules du cerveau,  ce qui influence le comportement. Cela explique qu'on la prend pour de la folie ou de l'ensorcellement. C'est la cause la plus fréquente de démence chez l'être humain.

Les familles de ses victimes vivent souvent des moments très difficiles.  “Tout a commencé par l'oubli.... Ma mère oubliait tout. Elle demandait à voir ses enfants qui étaient décédés il y  plus de 15 ans !  Elle oubliait tout le temps où elle avait rangé ses affaires, son argent, le chemin de retour à la maison. Puis elle est devenue agressive, colérique, et brutalisait même les très jeunes enfants du quartier qui passaient près d'elle", confie Mme Dong Rosine, rencontré à l’Ouest-Cameroun. C’est dans un sourire triste, les yeux plongés dans de vieux souvenirs, qu'elle raconte à AlloDocteurs.Africa son expérience de vie avec une malade d'Alzheimer.

"Quelques temps après, j'entendais dire que ma mère était devenu folle, qu'elle était ensorcelée ! Elle portait ses vêtements parfois à l'inverse, le tricot devenait sa jupe, ou de façon inappropriée, avec deux pulls en pleine chaleur... On ne comprenait plus rien. Un moindre geste dans sa direction et elle pleurait à chaude larmes, disant que tu l'as fouetté, montrant même des traces inexistantes de fouets sur ses bras. Et ça faisait rire les enfants, qui se moquaient d'elle malgré mes représailles", ajoute-t-elle, amère. A l'époque, elle ignore elle-même les manifestations de la maladie de sa mère, et pense plutôt qu'elle simplement frappée de vieillesse, à plus de 80 ans.

De l'importance du diagnostic

Autre témoignage fort, Maman Marie Tetsa. Elle aussi a vécu des moments sombres dans son foyer, à cause de relations avec sa belle-mère, touchée par la maladie. “Ma belle mère oubliait qu'elle avait mangé les minutes d’après son repas. Elle se plaignait à tous que je la prive de nourriture", nous confie-t-elle. "Au point où la belle famille me traitait de méchante femme. Mon mari m'avait plusieurs fois accusé de négligence envers sa mère. Tout allait mal chez moi..."

"Au final, c'est la somme de ces attitudes sans cesse changeantes qui nous a emmené à la faire consulter. C'est comme ça qu'on a su qu'elle avait l'alzheimer. Depuis, grâce au suivi médical, elle est moins affectée par la maladie et nous plus compréhensif et attentionné”, termina maman Tetsa d'une voix plus calme. En vue de défaire les préjugés et faire connaître la maladie afin d'identifier et accompagner ses victimes et leurs familles, l’Association Comprendre la Maladie d’Alzheimer (ACMA),  organise de temps à autres des campagnes de sensibilisation au Cameroun. N'hésitez pas à y faire un tour !

 

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !