Enfants talibés maltraités : six personnes jugées pour pratiques "esclavagistes"

Le maître coranique Cheikhouna Guèye, son menuisier métallique et quatre parents d’enfants talibés seront jugés ce mercredi 27 novembre à Louga, région nord-ouest du Sénégal. Arrêtés durant le week-end, ils sont poursuivis pour pratiques dégradantes et "esclavagistes" sur des talibés.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Voilà comment le Sénégal veut protéger ses enfants (Illustration)
Voilà comment le Sénégal veut protéger ses enfants (Illustration)

Le Sénégal progresse dans la lutte contre les violences faites aux enfants, mais des cas de maltraitances graves sont encore trop souvent révélés. Selon la presse sénégalaise, ce sont des jeunes de Guet Ardo, un village situé à 2 km de Ndiagne où le drame a eu lieu, qui ont alerté le procureur de Louga. Ils ont aperçu un jeune talibé (élève d’école coranique) avec des chaînes à la cheville, rappelant le temps funeste de l’esclavage.

Les gendarmes sont alors descendus au «daara» (école coranique) avant d’y trouver trois autres talibés dans le même état. Ils ont ainsi interpellé les mis en cause dont le maître coranique, le principal accusé du chef d’inculpation de "maltraitance d’enfants".

Pratique ancienne en zone rurale?

Une semaine après le 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’Enfant, cette affaire tient l’opinion en émoi. Cependant, les avis restent partagés vu que certains soutiennent que cette pratique, qui vise à dissuader certains talibés fugueurs, n’est pas nouvelle dans certaines écoles coraniques, surtout celles se trouvant dans les zones rurales.

La presse révèle également que des pressions étaient exercées sur les pouvoirs publics pour exiger la libération des six détenus provisoires."J'ai entendu des gens parler d'esclavagisme. Les esclaves avaient été enrôlés pour qu'ils travaillent pour autrui, mais ces talibés sont des fugueux que les parents ont amenés pour qu'ils soient corrigés’’, a fustigé le guide religieux Serigne Cheikh Tidiane Niass de Kaolack (centre) sur Seneweb.

Soulignant que "tous les grands marabouts sont passés par cet exercice y compris moi-même et mes enfants", il ajoute que le maître coranique "veut juste qu'ils maîtrisent le Coran et qu'ils soient des exemples de demain".

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