Au Cameroun, le Conseil Scientifique se méfie du vaccin AstraZeneca

Alarmé par les suspensions d'utilisation à l’étranger, le Conseil Scientifique des urgences de santé publique (CSUSP) engage une enquête sur la pertinence du vaccin Oxford/AstraZeneca. Pour l'heure, il recommande un délai supplémentaire avant son utilisation dans le pays.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
La vaccination contre le coronavirus commence cette semaine au Maroc (photo d'illustration)
La vaccination contre le coronavirus commence cette semaine au Maroc (photo d'illustration)

AstraZeneca indésirable au Cameroun ? Après une vague de suspension à l'étranger, liée à l'apparition de caillots sanguins chez certains patients vaccinés, le ministre de la Santé camerounais a saisi "pour avis" le Conseil Scientifique des urgences de santé publique (CSUSP).Cette instance consultative, flexible et évolutive créée en mars 2020 a choisi de repousser l’utilisation du vaccin suédo-britannique dans le pays.

"Après examen de la dynamique actuelle de la pandémie au Cameroun et des données émergentes sur l'innocuité (la non-toxicité ndlr) du vaccin AstraZeneca, le CSUSP recommande un délai supplémentaire d'observation avant  son utilisation au Cameroun". L'instance de santé publique annonce lancer une enquête au terme de laquelle elle réexaminera la pertinence de l'utilisation "pour réduire l’incidence des formes sévères et mortelles du Covid-19", de ce vaccin qui n'est pas encore arrivé sur le territoire camerounais.

L'Afrique n'abandonne pas AstraZeneca

Les anomalies de l’AstraZeneca ont été relevées il y a quelques semaines. On s'inquiète notamment de la formation de caillots sanguins chez certaines personnes injectées. Une quinzaine de pays européens dont la France, l'Autriche et l'Allemagne, avait annoncé dans la foulée le "retrait préventif" du vaccin. La France a depuis repris l'utilisation du vaccin, mais en le réservant aux plus de 55 ans. Bon nombre de pays africains ont fait le choix de continuer à utiliser le vaccin :  c’est le cas du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria ou encore l’Ouganda.  Un expert sénégalais cité par la BBC explique que son pays n’ayant pas "le même environnement, le même écosystème, le même phénotype", il n'est pas besoin de "suivre à l'aveuglette" les décisions des pays européens.

Au contraire, scande ce spécialiste, "il faut continuer jusqu'à ce que les spécialistes ici fassent les mêmes constations et aller vers un arrêt suspensif si le pronostic vital était engagé, ce qui n'est pas le cas encore". En Côte d'Ivoire, le ministre de la santé, le Dr Eugène Aouélé Aka, préfère rassurer quant aux risques pour les personnes vaccinées. Il trouve qu’il n’est pas utile de tout arrêter pour quelques dizaines de cas de thrombose sur 5 millions de personnes vaccinées. D'autant que le lien entre vaccin et caillots sanguins n'est pas prouvé ! Il ajoute que "le vaccin utilisé en Côte d'Ivoire ne provient pas de la même usine de fabrication que les lots de vaccin utilisés dans les pays européens concernés". Les autorités sanitaires de l'Ouganda et du Nigeria pensent pour leur part que le vaccin AstraZeneca est sûr. En matière de santé, le plus important est de se pencher sur la balance bénéfices-risques. Aux yeux des experts, dans le cas du vaccin AstraZeneca, les bénéfices de l'immunisation contre le covid dépassent largement les risques de thrombose. 

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