Dépigmentation volontaire : le drame du "blanchiment" au Sénégal

La dépigmentation cosmétique volontaire est un véritable phénomène social au Sénégal et dans l'Afrique centrale et de l'ouest. De quoi il s'agit ? Quels sont les enjeux ?

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
La dépigmentation cosmétique volontaire est un véritable phénomène social au Sénégal
La dépigmentation cosmétique volontaire est un véritable phénomène social au Sénégal

Rien n'y fait, malgré les alertes, le "blanchiment"  est toujours tendance pour certaines. Certaines sources ici au Sénégal vont jusqu’à affirmer qu'une majorité des femmes du pays s’adonnent à cette pratique. Cette tendance ne se limite d'ailleurs plus qu’aux seules Sénégalaises : les hommes aussi s’y mettent... « Sapologie » oblige, dirait-on! Et le comble c’est que certains parents n’hésitent même plus à éclaircir la peau de leurs enfants !

De quoi parle-t-on, concrètement? La dépigmentation cosmétique volontaire ou donc plus simplement "blanchiment de la peau", également appelé "Xessal" ici au Sénégal, consiste à se servir de divers produits cosmétiques - et même des médicaments détournés de leur usage - pour s’éclaircir le teint. C’est une pratique très fréquente dans certains pays  asiatiques et chez nous en Afrique de l’Ouest.

Bronzage excessif au nord, blanchissement au Sud...

Ce phénomène de société n’est pas sans rappeler, à certains égards, les cabines de bronzage dans les pays occidentaux. On n’a cessé de dire que ces dernières sont un risque pour la peau, la dépigmentation l’est aussi tout autant ou plus encore. Cette pratique est loin d’être anodine et  les risques qui en découlent sont nombreux et variés.

Pour chaque type de produits, il y a des complications :

  • Les dérivés mercuriels, heureusement de moins en moins disponibles, sont responsables d’intoxications et de risques allergiques graves.
  • L’hydroquinone qui se trouve dans certains produits du commerce à de fortes concentrations allant jusqu’à 20% (soit dix fois supérieures aux recommandations) est responsable de "l’ochronose exogène". Des dépôts de pigments dans la peau lui donnent alors un aspect épais, rugueux.
  • Les dermocorticoïdes de classe forte, détournés de leur usage thérapeutique, fragilisent la peau et peuvent induire infections, vergetures ou même diabète.
  • Le glutathion, tendance du moment et produit chéri des stars, est sujet à une toxicité neurologique et rénale quand il est pris par injections.

Un lien établi avec des cancers

Rien que ça? Non, il y a pire ! La plus grave de toutes ces complications est la survenue de cancers liés à la dépigmentation avec un lien de causalité maintenant bien établi. Au vu de ces risques, des associations telle que AIDA (Association Internationale d'Information sur la Dépigmentation Artificielle) présidée par le professeur Fatimata Ly, dermatologue mondialement reconnue pour ses travaux sur la dépigmentation, se battent au quotidien pour sensibiliser les gens à ces multiples dangers mais la sensibilisation toute seule est loin d’être suffisante.

Il est tout aussi impératif que l’Etat s’engage véritablement dans cette lutte et assume ses responsabilités. Ne serait-ce que par rapport aux publicités pour les produits dépigmentants qu'il faudrait bannir au plus vite ! Une réglementation s’impose.

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