Sénégal : Hausse des grossesses précoces non désirées en période de confinement

Dans son dernier rapport, le Groupement pour l'étude et l'enseignement de la population (Geep) dénonce la menace qui pèse sur des milliers de jeunes filles au Sénégal. Le confinement partiel imposé pour lutter contre le Covid-19 a augmenté le nombre de grossesses précoces non désirées au pays.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le
De nombreux cas de grossesse précoce ont été signalés dans les quatre coins du Sénégal (photo d'illustration)
De nombreux cas de grossesse précoce ont été signalés dans les quatre coins du Sénégal (photo d'illustration)

La situation est alarmante. D’après les informations du Groupement pour l'étude et l'enseignement de la population (Geep), de nombreux cas de grossesse précoce ont été signalés à Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. La capitale Dakar n'est pas épargnée puisque de nombreuses jeunes filles sont tombées enceintes à Colobane, Fass, Médina et Gueule Tapée. 

Au Sénégal, comme partout en Afrique, les grossesses précoces non désirées représentent un problème majeur pour les jeunes filles. En 2017 déjà, un rapport de l'ONG Plan International estimait que "pour les grossesses précoces, un taux de 71,9% est enregistré entre les classes de 6e et de 3e et un taux de 28,1% entre la 2nd et la Terminale". En parallèle, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que les complications liées à la grossesse et l’accouchement causent déjà la mort de nombreuses filles âgées de 15 à 19 ans. A l'ère du coronavirus, la santé des jeunes filles enceintes est encore plus menacée.

Manque d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive

Après près de quatre mois de confinement partiel pour ralentir la propagation de la Covid-19, nombreuses sont les filles et les femmes qui ont des difficultés à accéder aux services et informations liés à leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. D'autant plus que les jeunes femmes célibataires qui tombent enceintes subissent l’opprobre et la discrimination sociale et sont souvent rejetées par leurs parents voire renvoyées de l’école.

Mais ce n'est pas tout. Toujours selon Plan International, "une grossesse précoce a des conséquences catastrophiques non seulement pour la mère, mais aussi pour l’enfant". Parmi ces conséquences, on peut notamment citer : 

  • Risques pour la santé : Ces grossesses précoces sont très dangereuses aussi bien pour la mère que pour l’enfant : chaque jour, 194 filles meurent des suites d’une grossesse précoce. Pourtant, 90 % des causes liées à ces décès pourraient être évités. Les complications de la grossesse et de l’accouchement constituent la deuxième cause de décès pour les filles de 15 à 19 ans dans le monde. Ces décès sont généralement causés par le manque de centres de santé pour suivre ces grossesses à risque, ou d’argent pour y accéder.
  • Déscolarisation : 58 % des filles ne retournent jamais ou rarement à l’école après avoir eu un enfant. Ce chiffre augmente lorsque les filles sont aussi mariées.
  • Marginalisation : L’honneur de la famille repose sur la virginité des filles. Celles qui sont enceinte hors mariage sont donc victimes de discriminations et de marginalisation. Elles peuvent être rejetées par leur famille et deviennent ainsi vulnérables aux violences et abus, à l’esclavage domestique et à l’exploitation sexuelle.
  • Perpétuation du statut inférieur des femmes et de la pauvreté : Les mariages et les grossesses précoces maintiennent les filles dans leur statut inférieur à l'homme et ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. Il s'agit d'une situation injuste et d'un énorme potentiel perdu pour le développement des communautés et des pays.

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