Au Togo, le nombre de grossesses précoces explose à l'heure du Covid-19

Une enquête des autorités togolaises avec l'appui de l'UNICEF et la Banque mondiale révèle que plus de 1.200 grossesses non désirées ont été enregistrées en l'espace de six mois dans les collèges et lycées publics du pays.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
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Le Togo face au phénomène persistant des grossesses à l’école (photo d'illustration)
Le Togo face au phénomène persistant des grossesses à l’école (photo d'illustration)

Dans les guerres comme pendant les épidémies, les femmes sont davantage exposées aux violences sexuelles. Alors que le Togo vit toujours à l'heure du Covid-19le taux de grossesses précoces en milieu scolaire bat encore tous les records. Entre septembre 2020 et mars 2021, plus de 1.220 cas ont été enregistrés, selon une enquête de la direction de la Planification de l’éducation en collaboration avec l’UNICEF et la Banque mondiale.

Toutes les régions du pays sont touchée, mais celle des Plateaux arrive en tête, suivie de celle de Kara. Seule la région Golfe-Lomé se distingue avec un nombre de cas réduit.

Doublement victimes

Pour mettre fin aux grossesses non désirées, il faut briser le tabou sur la sexualité, estime Épiphanie Houmey Eklu-Koevanu, coordinatrice du Centre de recherche, d'information et de formation pour la Femme (GF2D), l'une des plus importantes associations de défense des droits de la femme sur le sol togolais. Mais bien que le Togo ait ratifié le protocole de Maputo sur les droits des femmes et qu'il autorise l'avortement en cas de viol, les jeunes filles sont aujourd'hui encore doublement victimes des grossesses précoces. De leur bourreau et de la stigmatisation. 

Si la plupart des grossesses non souhaitées sont recensés dans les lycées publics du pays, la lutte contre ce fléau ne semble pas faire partie des priorités de l'éducation nationale. A ce jour, l'enseignement secondaire ne propose pas de cours d'éducation sexuelle. Pourtant, les jeunes ne sont pas à l'abri : chaque année, on recense en moyenne 3.000 cas de grossesse précoces. Et l'Unicef estime que près de 10% des 15-24 ans ont une activité sexuelle avant leurs 15 ans. Pis, seules deux jeunes filles sur cinq ayant des rapports avec plusieurs partenaires utilisent des préservatifs. Jusqu'à quand ?  

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