500 millions d'Africains menacés par l'insécurité alimentaire

L'apparition de maladies qui s'attaquent aux récoltes pourrait plonger près de 500 millions d'Africains dans l'insécurité alimentaire.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
La culture du manioc est menacée par des maladies agricoles (Image d'illustration)
La culture du manioc est menacée par des maladies agricoles (Image d'illustration)

C'est une menace pour la santé des Africains ! Des chercheurs ont alerté jeudi à Abidjan sur la prolifération des maladies des plantes agricoles, qui menacent gravement la sécurité alimentaire de 500 millions de personnes sur le continent. Venus de dix pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre (Ghana, Gabon, Bénin, Togo, Nigeria, Burkina Faso, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Togo), ils se sont réunis dans le cadre du programme West African Virus Epidemiology (WAVE). Les chercheurs ont révélé l'apparition en Côte d'Ivoire du "virus de la canne à sucre", une nouvelle pathologie "qui n’existait que sur le continent asiatique et pas ailleurs" et la "maladie du bananier" en Afrique.

"Les insectes migrateurs, les maladies des plantes et autres agents nuisibles représentent une menace grave pour les récoltes et les revenus des agriculteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre" a déclaré le Dr Justin Pita, directeur exécutif du programme WAVE axé sur la sécurité alimentaire, et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates. Le Dr Pita, en compagnie de Kobena Kouassi Adjoumani et de Biendi Maganga-Moussavou, ministres de l'Agriculture de Côte d'Ivoire et du Gabon, ont inauguré un nouveau centre régional de recherche sur les maladies virales des plantes.

La culture du manioc en danger

Pour Justin Pita, "la sécurité alimentaire est menacée, la biodiversité et l’environnement régional sont endommagés sous l’action conjuguée et nocive des criquets, chenilles légionnaires d’automne, mouches des fruits, et des maladies du bananier et du manioc qui se répandent dans toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre, occasionnant de lourdes pertes pour les agriculteurs". Les chercheurs sont véritablement "inquiétés" par la propagation de la "mosaïque" et de la "striure brune", deux maladies du manioc, base alimentaire de 500 millions d'Africains. Ces maladies provoquent  déjà "une perte de trois milliards de dollars par an en Afrique subsaharienne". 

"En Ouganda, une épidémie de manioc dans les années 1990 a fait 3.000 morts en raison de la famine. C'est comme pas d'attiéké en Côte d'Ivoire ou pas de gari au Nigeria", explique le Dr. Pita. L'Afrique est le plus grand producteur mondial de manioc (57%), dont on consomme les tubercules, riches en glucides et en amidon, mais aussi les feuilles et la fécule (qui a plutôt l'aspect d'une semoule), produite à partir des racines. Le manioc s'est imposé comme une culture stratégique pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté sur le continent. Cette plante est une culture de subsistance et de rente pour les producteurs du continent. La prolifération de maladies agricole aurait donc des conséquences désastreuses non seulement pour la sécurité alimentaire, mais pour l'équilibre économique de toute l'Afrique du Centre et de l'Ouest. 

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