Coronavirus : l'OMS met en garde l'Afrique contre un déconfinement trop rapide

Alors que la plupart des pays africains assouplissent leurs mesures de confinement, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à la prudence vu que le coronavirus sévit toujours dans notre continent.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Plusieurs experts de l'OMS vont être expulsés du Burundi (photo d'illustration)
Plusieurs experts de l'OMS vont être expulsés du Burundi (photo d'illustration)

Près de quatre mois après la détection du premier cas de Covid-19 en Egypte, le continent africain a fait des progrès dans la lutte contre le nouveau coronavirus (Covid-19). Du Maroc à Maurice, en passant par la République démocratique du Congo ou encore le Rwanda, de nombreux pays ont mis en place des mesures de confinement et de santé publique clés qui semblent avoir contribué à ralentir la propagation de la maladie.

Mais alors que les 54 pays du continent africain continuent à identifier de nouveaux malades du Covid-19, bon nombre de nations commencent à se déconfiner. "Il y a une volonté compréhensible de lever les mesures aussi rapidement qu'elles ont été mises en place. Toutefois, l'OMS exhorte les pays à suivre une approche progressive", explique la Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique. 

"Nous devons rester vigilants"

Une analyse préliminaire de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a révélé que le temps de doublement – c’est-à-dire le nombre de jours pour que le nombre de cas double dans un pays donné - a augmenté pendant la période de confinement dans la plupart des pays de la Région (de 5 jours à 41 en Côte d'Ivoire, de 3 jours à 14 en Afrique du Sud). Les Seychelles ont commencé à mettre en œuvre des mesures sanitaires et sociales avant la notification de leurs premiers cas confirmés et 7 semaines se sont écoulées depuis le dernier cas signalé. Toujours selon les premières analyses de l'OMS, l'impact sur le doublement du temps de confinement semble varier en fonction du moment et de la durée des mesures prises. 

C'est pour ça qu'"il est important d'avoir une vision claire du contexte local afin de pouvoir prendre des décisions éclairées sur la manière d'assouplir ces mesures", précise Matshidiso Moeti. Avant d'ajouter que "nous devons tous rester vigilants. Au moment où de plus en plus de pays commencent à assouplir les mesures de confinement, il est essentiel que des systèmes de dépistage et de surveillance efficaces soient mis en place pour détecter toute augmentation du nombre de cas".

"Une pénurie de tests"

Vers la mi-mai, le directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), le docteur John Nkengasong, a annoncé que seulement 1,3 millions de tests de dépistage du coronavirus ont été réalisés sur le continent qui compte plus de 1,3 milliards d'habitants. Soit l'équivalent d'un test pour 1000 personnes, même s'il existe beaucoup de différences entre les pays. 

Même son de cloche du côté de l'OMS qui estime qu'"il y a une grave pénurie de tests de Covid-19, d'équipements de protection individuelle et d'autres fournitures médicales en Afrique". Au cours des trois derniers mois, l'OMS a soutenu la livraison de près de deux millions de pièces d'équipement de protection individuelle pour les professionnels de la santé, y compris des masques chirurgicaux, ainsi que plus de 100.000 kits de dépistage.  

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