Cancer du sein en Afrique : nous sommes toutes concernées !

On en parle peu en Afrique. Pourtant, le nombre de cas de cancers du sein sur le continent est en constante progression. Et très peu de femmes survivent à cette maladie, faute d'un dépistage précoce.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
La mastite touche 20 à 30% des femmes allaitantes (Illustration)
La mastite touche 20 à 30% des femmes allaitantes (Illustration)

C'est un tueur sous-estimé ! Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer du sein est pourtant le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde. En Afrique, cette maladie est à l'origine de beaucoup de morts, à cause d'un dépistage tardif et/ou d'un mauvais traitement. Heureusement, grâce aux progrès de la médecine, c'est aussi le cancer qui se guérit le mieux, s'il est dépisté à un stade précoce

En ce mois d'octobre - qui est aussi connu sous le nom d'"octobre rose" - de nombreuses actions de sensibilisation et de dépistage sont organisées dans les quatre coins de la planète pour mieux lutter contre le cancer du sein. Et l'Afrique n'est pas en reste. Si au début des années 2000, rares étaient les pays à avoir investi dans la prévention et la prise en charge du cancer, la situation a bien changé depuis. Que ce soit au Gabon, au Tchad, au Cameroun, au Maroc ou encore au Sénégal, la majorité des pays du continent multiplient leurs efforts face à cette maladie qui touche de plus en plus d'Africaines. 

Un tueur silencieux

Même si l'Afrique s'attaque enfin au cancer, celui du sein est encore diagnostiqué très tard sur le continent. Ce qui expliquerait le faible taux de survie des femmes atteintes par cette maladie, selon l'OMS. Certes, le cancer du col de l'utérus est toujours celui qui tue le plus en Afrique subsaharienne, mais la progression de celui du sein inquiète. 

A l'heure où environ 20% des femmes en Europe et aux Etats-Unis qui sont atteintes de cette pathologies en meurent, ce taux dépasse les 50%. La méconnaissance de la maladie, les délais très longs de prise en charge, la rupture de stock de traitements et le tabou autour du cancer expliquent sans doute ce fort taux de mortalité.

Des femmes sont répudiées

En Algérie, on estime que le cancer du sein est à l'origine de la mort de 10 femmes par jour, soit un peu plus de 3.500 par an. Et celles qui survivent à cette maladie sont souvent répudiées par leur mari suite à une éventuelle ablation du sein. Chez le voisin marocain, le cancer du sein est le plus mortel chez les femmes. Chaque année, le royaume enregistre autour de 10.000 nouveaux cas de cette maladie. En 2030, ce chiffre passe à environ 16.000, selon les prévisions du Registre des cancers du Grand Casablanca (RCGC). 

Un peu plus loin, au Sénégal, le coût des analyses et le manque de scanner compliquent la lutte contre cette maladie. Selon la ligue Sénégalaise de lutte contre le cancer, 1.800 cas ont déjà été enregistrés cette année avec un taux de mortalité de 80%. "On a toujours des malades qui arrivent à des stades très avancés malheureusement", explique Fatima Guenoune, présidente de la Ligue. Même son de cloche en Côte d'Ivoire où ce mal fauche la vie d'au moins 1.000 personnes chaque année. Jusqu'à quand ? 

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