Après 17 ans de combat contre l’excision, où en est l’Afrique ?

Des millions de petites filles sont excisées chaque année en Afrique, et cela malgré les dangereuses conséquences sanitaires de cette mutilation génitale féminine, et son interdiction dans la plupart des pays du continent.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Des millions de petites filles sont excisées chaque année en Afrique (photo d'illustration)
Des millions de petites filles sont excisées chaque année en Afrique (photo d'illustration)

En 2021, l'excision est une pratique encore très répandue en Afrique ! Selon les estimations des Nations Unies, 50 millions de femmes et filles à travers le continent seront exposées à cette violation des droits des femmes d'ici 2030. Et d'après un rapport de l'Unicef qui date de 2016, plus de 200 millions de femmes et de filles, dans une trentaine de pays dans le monde, ont déjà subi des mutilations génitales féminines  (MGF), c'est-à-dire l’ablation partielle ou entière des organes génitaux féminins. A l'occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, ce 6 février, on fait le point. 

Dix-sept années se sont déjà écoulées depuis que Stella Obasanjo, ancienne première dame du Nigeria, lançait officiellement la lutte internationale contre les mutilations génitales féminines dont l’excision. Bien que cette pratique soit aujourd'hui en baisse un peu partout en Afrique, des millions de petites filles sont encore excisées chaque année sur le continent. Dans la moitié des pays qui pratiquent encore l'excision, la majorité des filles victimes de cette pratique n'ont même pas 5 ans. Et ce, malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation, l'engagement de différentes associations sur le terrain, et l'interdiction de cette mutilation un peu partout sur le continent (hormis le Mali et la Sierra Leone).  

Le plaisir interdit

Aujourd'hui encore, dans certains pays du continent,"la fille qui n'a pas été excisée ne peut pas préparer à la maison. Elle ne peut pas se marier, ne peut pas aller dans certains lieux où celles qui sont excisées vont...", explique Nana Camara, directrice régionale du GAMS (Groupe femmes pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles). Autrement dit, l’application des lois se heurte généralement à la réticence des familles et à la tradition. Une tradition qui n'a qu'un but : interdire le plaisir.

Mais contrairement à une idée largement répandue, il est possible pour une femme excisée d'avoir du plaisir et même... des orgasmes. Car dans le cas de cette mutilation génitale, seule la partie externe du clitoris (le gland) est coupée. Or, les 9/10e de cet organe dédié au plaisir sont internes et invisibles. 

Une pratique dangereuse

Si l'excision semble ancrée dans nos sociétés, elle n'est pas sans danger. Ses conséquences sanitaires sont aussi nombreuses que graves :

  • De fortes douleurs : Couper des tissus sensibles des organes génitaux peut entrainer des douleurs extrêmes au niveau de la vulve, des lèvres et du clitoris. Même la cicatrisation est très douloureuse puisqu'elle est rarement accompagnée de soins. Ces douleurs peuvent persister au quotidien, notamment pour uriner ou lors des rapports sexuels.
  • Différentes infections : l’utilisation d’un même instrument non stérilisé pour l’excision de plusieurs filles favorise le risque de transmission d'infections vulvaires ou urinaires qui peuvent rendre stérile. Cela peut même être à l'origine d'une transmission du VIH/Sida. Les femmes excisées peuvent aussi développer des infections potentiellement mortelle si la plaie n'est pas correctement nettoyée
  • La perte de plaisir :  en fonction du type d'excision qui est pratiqué, les femmes peuvent perdre leur capacité à ressentir du plaisir lors des rapports sexuels
  • Des complications lors de l'accouchement : les femmes ayant subi une mutilation sexuelle féminine sont plus exposées à des complications telles que des saignements excessifs, des déchirures du périnée 
  • Des répercussions psychologiques : davantage d'anxiété, de dépression, de syndrome de stress post-traumatique
  • La mort : les mutilations génitales peuvent aussi tuer 

Alors, pour toutes nos fillettes, il est urgent d'agir ! 

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