Coronavirus : au Cameroun, la gestion de la pandémie fait débat

Depuis le début de la pandémie de coronavirus (Covid-19) au Cameroun, la gestion de cette dernière par le gouvernement est très mal jugée.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Le Cameroun a franchi la barre des 20.000 cas confirmés (photo d'illustration)
Le Cameroun a franchi la barre des 20.000 cas confirmés (photo d'illustration)

Fermeture tardive des frontières, absence de période de confinement, bars, restaurants et discothèques restés ouverts, masques imposés tardivement, réouverture prématurée des écoles et universités... Depuis l'apparition du coronavirus (Covid-19) sur le sol camerounais, Yaoundé semble temporiser puis naviguer à vue, laissant penser que le pouvoir ne prend pas au sérieux la dangerosité du Covid-19.

Pourtant, le Cameroun est le pays d'Afrique Centrale le plus durement touché par le coronavirus. A ce stade, les autorités locales recensent plus de 40.000 cas confirmés, dont au moins 600 décès. Et à l'heure où ces lignes sont écrites, le Cameroun - qui a réceptionné des vaccins d'AstraZeneca - n'a toujours pas commencé sa campagne de vaccination anti-Covid par mesure de précaution.

Renforcer ou alléger ?

En février dernier, le sous-préfet de Meiganga, Max Mbella Edjenguele, voulait serrer la vis contre le Covid-19. Il menaçait de sanctionner et fermer tous les magasins qui ne disposaient pas d'un seau d’eau, et il espérait durcir les contrôles, tout en s'assurant du port du masque de protection. Mais la récente "déclaration spéciale" du Premier ministre Joseph Dion Ngute suggère le contraire. 

Dans son dernier discours qui date du 5 mars, Dion Ngute privilégie toujours la sensibilisation. “Le respect des mesures barrières doit être de mise en toute circonstance et en tout lieu, y compris dans les marchés ouverts et les lieux de rencontre, tels que les gares routières, les points de ramassage des taxis et mototaxis, ainsi que dans les transports en commun“, espère naïvement le Premier ministre dont le gouvernement a multiplié les annonces qui sonnaient comme "la fin de l’épidémie", regrette le professeur Yap Boum II, épidémiologiste et responsable d’un centre de recherche de Médecins sans frontières (MSF) à Yaoundé.

Une police limitée

Au moment de dresser le bilan de la première année du Covid-19 sur le sol camerounais, le délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele rappelait les limites de la police camerounaise : "Il n’y aura ni gendarme un policier à côté de chaque citoyen camerounais pour faire respecter mes mesures barrières. Ce ne sera pas possible qu’un gendarme soit là pour dire : "lavez les mains, portez le masque". La Police et la gendarmerie ne peuvent pas tout faire. Qu’on commence à arrêter les gens parce qu’ils n’ont pas porté les masques, on va les mettre dans quelles prisons ? Nous sommes 25 millions de Camerounais. On va les mettre où ? On pourra peut-être faire des amendes, ça ne résoudra pas le problème". 

Des propos assez surprenants, alors que la plupart des pays du continent ont pris rapidement des mesures très fortes pour endiguer la pandémie. A l'heure où des épidémies telles que le choléra, la rougeole et le paludisme continuent de tuer, il est certain qu'il faudra des mois voire des années pour vacciner tous les Camerounais contre le coronavirus. 

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