Mayotte intensifie sa lutte contre le Sida

Devenu le plus récent signataire de la Déclaration de Paris sur la fin de l'épidémie de sida, Mayotte doit encore intensifier le dépistage de la maladie.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
L'accès au préservatif n'est pas toujours une mince affaire
L'accès au préservatif n'est pas toujours une mince affaire

La lutte s'accélère. Alors que le sida touche plus de 30 Mahorais par an, les autorités viennent de signer la Déclaration de Paris, une initiative lancée en 2014 qui vise à éradiquer la maladie d'ici 2030. Par cette signature, Mayotte s'engage à atteindre les objectifs 90-90-90 d'ici 2020, à savoir 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90 % des personnes déclarées positives soient sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable, c'est-à-dire qu'elles ne transmettent pas le virus même en cas de rapport sexuel non protégé. 

Si deux des objectifs de la déclaration de Paris ont déjà été atteints (l'accès aux traitements et la charge virale indétectable), le dépistage pose toujours problème. A l'heure actuelle, seulement 294 Mahorais sont déclarés atteints du Sida et suivis au Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), dont 62% de femmes. Un pourcentage qui s'explique par la possibilité de dépister plus facilement les femmes dans le cadre de leur suivi de grossesse.

Capotes en berne

Et à Mayotte plus qu'ailleurs, l'accès au préservatif est compliqué. Jusqu'en 2016, seules les pharmacies commercialisaient des préservatifs. Depuis, quelques distributeurs de préservatifs ont été installés dans les différentes communes de l'île, et différentes associations et organismes en distribuent. Mais alors que l'Agence de Santé Océan Indien (ARS OI) finalise actuellement une procédure d'appel d'offres pour la création de dix nouveaux distributeurs de préservatifs, les établissements scolaires et universitaires de Mayotte semblent oubliés par toutes les initiatives locales : on ne peut y trouver aucun distributeur de préservatif.  Pour les étudiants mahorais, l'accès à ces préservatifs se fait uniquement "auprès des infirmiers de l’éducation nationale", d'après un rapport de l'Agence de Santé Océan Indien (ARS OI).  

Si l'objectif de l'ARS OI est d’atteindre les 500 000 préservatifs distribués pour 2019-2020 (seulement 80.000 ont été distribués en 2005), il faudra sans doute compter sur un sursaut de l’État pour mettre en place les moyens d’une lutte efficace contre le sida.

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