RDC : Le retour de la peste en Ituri est surveillé de près

En République démocratique du Congo (RDC), le gouvernement de la province de l’Ituri est en état d'alerte depuis l'apparition de plusieurs cas suspects de peste sur son territoire.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
La transmission de la peste à l'homme se fait via les puces infectées présentes sur certains rongeurs (photo d'illustration)
La transmission de la peste à l'homme se fait via les puces infectées présentes sur certains rongeurs (photo d'illustration)

Les autorités s'inquiètent ! Actuellement, nous avons "plus de 90 cas suspects" de peste dont au moins "12 décès", a déclaré le Dr Luis Tchulo, directeur provincial de la Santé de l'Ituri, une région où la peste est endémique. La maladie y a été identifiée pour la première fois en 1926. Depuis, la peste n'a jamais cessé de circuler en République démocratique du Congo (RDC). 

"Elle va et vient. Mais il semble qu'elle soit de retour après 40 ans. Les habitants n'étaient pas préparés", analysait en février dernier le docteur Anne Laudisoit, éco-épidémiologiste membre d'une équipe pluridisciplinaire dépêchée sur les lieux. A l'époque, plus de 500 cas avaient été détectés dans la province de l'Ituri, faisant une trentaine de morts

Causée par une bactérie, Yersinia pestis, qui se développe chez les rats, la peste se transmet à l'homme généralement par une piqûre d'une puce infectée. Non traitée, cette maladie peut rapidement être fatale pour l'être humain. On sait aussi que la peste peut prendre trois formes : bubonique, septicémique et pulmonaire. Cette dernière peut être fatale en seulement 24 à 72 heures, alors que la forme bubonique est la moins dangereuse.

Limiter la propagation

Malgré des moyens limités, les autorités multiplient leurs efforts pour ralentir la propagation de cette maladie qui se manifeste par des frissons, des maux de tête et un gonflement douloureux des ganglions. Si la recherche des cas contacts a déjà commencé, "ce qui nous reste, c’est de dépêcher une équipe pour le prélèvement des échantillons, principalement les crachats que nous allons amener au laboratoire pour la confirmation“, précise le Dr Tchulo. Et c'est justement là où ça se complique ! 

"Le laboratoire régional spécialisé pour les analyses de la souche, autrefois installé dans la province, n'est plus fonctionnel depuis plus de 30 ans. Ce qui oblige les acteurs sur le terrain à envoyer les échantillons à l'Institut national de recherche biomédicale à Kinshasa, à plus de 2.000 km", regrette le Dr Michel Mandro, de la Division provinciale de la Santé (DSP). 

Ces échantillons suspects de peste restent de ce fait non confirmés, signe que la recherche sur la maladie reste négligée en RDC, déplore une source scientifique. Il est vrai que la peste est loin d'être la seule priorité sanitaire du pays, qui fait face à plusieurs épidémies à la fois. Mais jusqu'à quand ?

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