Coronavirus : A Cotonou, tout le monde se jette sur les masques

Au Bénin, les habitants de Cotonou se sont rués dans les pharmacies, ce mercredi, pour acheter des masques de protection contre le coronavirus rendus obligatoires la veille, provoquant des pénuries dès le 1er jour.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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Plusieurs pays africains rencontrent des pénuries de masques de protection (Illustration)
Plusieurs pays africains rencontrent des pénuries de masques de protection (Illustration)

C'était prévisible ! Après que le gouvernement ait décidé d'obliger les Béninois à porter le masque dans 12 communes du pays, la plupart des usagers croisés à Cotonou respectent aujourd'hui la consigne, certains portant même leur masque au volant de leur voiture. Pourtant, ce n'était pas gagné. 

Dans la plupart des pharmacies, où les masques sont subventionnés à 200 francs CFA l'unité (0,3 euros), il y avait déjà pénurie et en milieu de journée, il était devenu quasi-impossible d’en trouver, bien que chaque client n'ait droit qu'à deux masques. Si l'on peut voir toutes sortes de masques dans les rues de la ville, ce sont surtout ceux fabriqués artisanalement avec des tissus colorés (pagnes) qui prédominent. 

"J'ai fait le tour d’au moins quatre pharmacies et je n’en ai pas trouvé", a témoigné un habitant, Isaac Agbohounto, le visage découvert. "Je peux m'en fabriquer moi-même et c'est ce que je m’en vais faire à la maison". Selon un pharmacien, Poirot Affama, "chaque pharmacie a droit à un lot de mille masques (...) Hier nous en avons reçu mille qui sont partis en moins de quatre heures, donc nous attendons d’avoir de nouveaux stocks".

"Infecté par le corona"

Pour Franck Kpotchémè, conducteur de moto-taxi, même 200 francs représentent une somme importante: "Il faut avoir de solides moyens pour s’y hasarder. En une semaine, à raison d'un masque par jour, c’est un budget d’environ 2.000 francs". "Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités en rendant les masques disponibles", s'insurgeait, furieux, un autre usager, Edouard Gbeha, après avoir lui aussi écumé les officines sans succès. "Je suis obligé d’en acheter au bord de la voie. Mais c’est sans garantie parce que les bonnes dames touchent les masques et les trainent à longueur de journée", a-t-il dit en référence aux commerçantes qui les fabriquent elles-même.

D'autres, comme Léa Wangré, étudiante, se montraient sceptiques quant à l'origine et à la qualité des masques, effrayés par toutes les rumeurs qui circulent sur Internet. "J'ai préféré prendre celui vendu au bord de la voie parce que celui vendu en pharmacie vient de l'extérieur et j'ai lu sur les réseaux sociaux qu’il est infecté par le corona", a affirmé la jeune fille.

Pour pallier la pénurie de masques, même les grands noms de la mode béninoise se sont mis à en fabriquer, à l'instar d'Andoche Amoussou, créateur de la marque Lolo Andoche : "Nous avons mis en veilleuse toutes les autres commandes pour donner priorité à la fabrication des masques depuis une semaine. De nombreuses entreprises ont passé des commandes". Le créateur doit livrer plusieurs milliers de masques dans les prochaines 72 heures, et, pour tenir la cadence de production, a même embauché de la main d'oeuvre supplémentaire.

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