L'Afrique déclare enfin la guerre au cancer

Longtemps considéré comme une maladie lointaine, le cancer menace de plus en plus d'Africains. Le continent essaie de s'organiser face à nouveau défi sanitaire.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Ruban Rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein
Ruban Rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein

On ne l'ignore plus ! Deuxième cause de décès dans le monde, le cancer est un terme générique appliqué à un grand groupe de maladies pouvant toucher n'importe quelle partie de l’organisme. Mais si on a longtemps considéré qu'il était une maladie "réservée" à l'Occident, les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) prouvent le contraire : 60% des nouveaux cas de cancer surviennent en Afrique, Asie, Amérique centrale et Amérique latine.

Rien qu'en 2018, plus d'un million de cancers ont été diagnostiqués sur le continent. Et ce chiffre est malheureusement appelé à évoluer. D'une part, parce que la mortalité par cancer est proportionnellement plus élevée en Afrique qu'ailleurs dans le monde. D'autre part, parce que le vieillissement de la population africaine et nos modes de vie assez malsains (fast food, alcool...) favorisent le cancer. 

Une maladie inattendue et méconnue

Le manque d’exercice physique, l'alimentation inadaptée et la consommation de tabac et d'alcool sont les facteurs de risque de cancer les plus importants. Mais certaines maladies peuvent aussi conduire à des cancers. C'est le cas de l'hépatite B qui peut être responsable d'un cancer du foie ou du VIH / Sida qui peut être à l'origine plusieurs cancers. Comme l'espérance de vie a augmenté sur le continent ces 20 dernières années - de 12 ans au Mali et de 11 ans au Maroc ! , on est logiquement de plus en plus confrontés aux problèmes de santé liés au vieillissement. A tel point que le nombre de nouveaux cas de cancer en Afrique pourraient, selon l'OMS, doubler à l'horizon 2040 pour passer de 1 à 2 millions.

Les professionnels de santé redoutent même que le cancer deviennent la première cause de mortalité sur le continent. Mais comme la plupart des gouvernements africains avaient concentré leurs efforts pour lutter contre les grandes épidémies - paludisme, sida, paludisme, sida, tuberculose et Ebola-  en ignorant cette "maladie de l'homme riche", l'accès aux services de cancérologie est très compliqué dans plusieurs pays du continent. Le retard du diagnostic, le manque d’agents de santé formés à la cancérologie et la rareté des établissements dédiés composent ainsi un cocktail fatal sur le continent.

Le continent contre-attaque

Alors que les cancers du poumon, du sein et du côlon sont les trois types de cancer qui touchent le plus de personnes dans le monde, certains types de cancers sont spécifiques au continent. Comme celui de la plante du pied qu'on retrouve souvent dans les zones rurales, là où les populations se promènent pieds nus. Et chez les Africains atteints d'albinisme, les lésions cancéreuses sont plus fréquentes et constituent une cause majeure de mortalité prématurée.

Pour lutter contre le manque criant d'infrastructures, plusieurs centres ont vu le jour sur le continent. On peut notamment citer la fondation Lalla Salma au Maroc, l’Institut de cancérologie de Libreville au Gabon, l’hôpital de Butaro au Rwanda ou le centre d’oncologie et radiothérapie du centre hospitalier universitaire de Cocody en Côte d’Ivoire. D'autres projets sont en cours, comme au Sénégal avec le très attendu centre national d'oncologie de Diamminiadio. Au niveau continental, seuls le Maroc, le Gabon, la Côte d'ivoire, l'Afrique du Sud et le Ghana proposent donc des équipements de radiothérapie et des traitements adaptés. Mais même si ces pays commencent à offrir la prise en charge, l'accès difficile aux programmes de prévention et le coût du traitement restent des freins pour la population. 

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