Santé publique : le whisky en sachet en procès au Cameroun

Une association de défense des droits des consommateurs et un fabricant de whisky en sachet s'affrontent au tribunal pour déterminer si cette boisson est nocive ou non.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Santé publique : le  whisky en sachet en procès au Cameroun

Le whisky en sachet à la barre. Un procès mettant en vedette ce breuvage alcoolisé s’est ouvert le 5 novembre au Tribunal de première instance de Douala-Bonabéri. Le directeur général de la société de fabrication de whisky en sachet Star Menchum, accuse la Fondation Camerounaise des Consommateurs (FOCACO) de diffamation et propagation de fausses nouvelles.

Au sortir de l’audience du 5 novembre, Raphaël Ngoo Epoupe, le vice-président de la FOCACO en charge de la coordination des activités humanitaires martèle que le whisky en sachet est "un breuvage qui tue".

Il réitère la détermination de son association dans un communiqué : "La FOCACO est déterminée à faire entendre la voix des consommateurs afin que les produits non conformes et dangereux pour la santé, tels que les whiskies en sachet Tombo, Goal Fresh Cream et Officer Vodka ne se retrouvent plus sur le marché. Non au sacrifice de la santé des populations vulnérables et démunies sur l'autel des intérêts capitalistes“, clame le responsable.

Un emballage qui rendrait malade

Les pourfendeurs du whisky en sachet soutiennent que son emballage est inapproprié pour les liqueurs. L'exposition au soleil du contenant et son interaction avec le contenu dégraderait la qualité du breuvage. On estime que l'emballage, fait à base de méthanol, agit sur le foie, l’estomac, la gorge et saoule plus vite que les autres boissons en raison de son pourcentage d’alcool très élevé.

Il causerait des cirrhoses du foie, des ulcères gastriques, des insuffisances rénales ou encore des problèmes neurologiques. Alphonse Ayissi Abena, Le président de la FOCACO, présente l’alcool en sachet comme un “alcool frelaté, teinté, néfaste“ dont la consommation est "véritablement un problème de santé publique“.

Un moratoire non respecté ? 

Alphonse Ayissi Abena, rappelle la mesure du gouvernement camerounais prise en 2014 après consultation d’experts et qui interdisait le conditionnement des liqueurs dans des emballages en plastique et en nylon. Les entreprises ciblées avaient reçu un moratoire leur donnant jusqu’à septembre 2016 pour écouler leurs produits.

Mais le dirigeant de Star Menchum argue qu’il a obtenu, en 2018, un délai de 4 années supplémentaires, ce que conteste Ayissi Abena, qui dit être toujours à la recherche du texte de loi qui permettrait cette rallonge. En l’absence d’une confirmation du gouvernement, la FOCACO a donc saisi la justice.

Sans attendre le verdict du procès ainsi intenté, la Star Menchum a porté plainte à son tour. Mais pour Alphonse Ayissi Abena, il ne s'agit que d'une manoeuvre pour gagner du temps.

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