“Certaines femmes utilisent notre appli contre le harcèlement de rue”

Rencontre avec Diarata N’Diaye,  fondatrice de l’application mobile gratuite App-Elles, qui vient en aide aux femmes victimes de violences.

Kadiatou Sakho
Rédigé le , mis à jour le
App-Elles, une application qui vient en aide aux femmes victimes de violences (illustration).
App-Elles, une application qui vient en aide aux femmes victimes de violences (illustration).

Alerter, en parler... et agir ! C’est le slogan d’App-Elles, une application créé par une slameuse et entrepreneuse franco-sénégalaise, Diariata N’Diaye. Ayant fui elle-même un mariage forcé à l'âge de 15 ans, elle a lancé cette application en 2015 dans le but d’aider les femmes victimes de violences. Elle nous explique comment. 

AlloDocteurs.Africa : A quoi sert votre application App-Elles ?

Diariata N’Diaye, fondatrice de l’appli App-Elles:  Elle a été conçue pour que l’on trouve des solutions durables pour aider les femmes confrontées à de la violence. Quand une femme lance l'alerte via notre application, des proches sont alertés directement sur leur mobile. L'application référence aussi des associations pouvant leur venir en aide.

AlloDocteurs.Africa : Quel est le profil des femmes qui utilisent votre application ? 

Diariata N’Diaye : On arrive à avoir des informations à partir du type de structures que les utilisatrices d’App-Elles contactent. On a fait par exemple un référencement des associations ou autres organisations spécialisées sur les mariages forcés, des violences conjugales… En comptabilisant le nombre d’appels émis vers ces structures, on a une image sur le type d'utilisatrices de l’appli :

  • En France, où nous nous sommes lancés en premier, on sait que ce sont plutôt des femmes menacées et harcelées mais séparées de leur conjoint violent qui utilisent App-Elles.
  • En Algérie, où nous nous sommes lancées il y a environ quatre mois, on sait que les femmes l’utilisent généralement pour de le harcèlement de rue. 
  • Pour le Sénégal, c’est un peu prématuré, l’appli ne permet pas encore d’avoir d'éléments précis sur les femmes qui l’utilisent....

AlloDocteurs.Africa : Comptez-vous développer les fonctionnalités complètes de votre application dans d’autres pays africains ? 

Diariata N’Diaye : On a pour ambition d'être partout dans le monde ! Évidemment, sur le continent africain, partout où les gens sont équipés de portables et où il y a du réseau. On avance au gré des opportunités. Le dernier pays avec lequel on a travaillé,  c’est la Colombie. Ce qui est important pour nous, c’est de rentrer en contact avec les gouvernements et des associations qui permettent de s’informer sur les solutions existantes pour les victimes dans chaque pays. Sur notre appli, on ne va pas penser aux solutions pour des femmes qui sont au Maroc comme pour des femmes qui vivent au Pakistan. 

AlloDocteurs.Africa : Vous avez pointé sur Twitter une hausse des violences dans le contexte du confinement provoqué par la crise sanitaire du Covid-19. Votre application peut-elle aider à combattre ces violences ?

Diariata N’Diaye : Ce serait très prétentieux de dire qu’il y a un impact direct sur la réduction des violences avec App-Elles. Cela n’empêche pas les violences mais il y a clairement une sensibilisation des personnes qui interviennent pour en aider d’autres. Le rôle premier d’App-Elles, c’est d’agir pour venir en aide aux femmes victimes au moment où elles sont victimes.

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