Rwanda : de nouvelles résistances à un anti-palu !

Au Rwanda, une étude vient de montrer des premiers cas de résistance à l'artémisinine, un médicament qui traite le paludisme.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Certains moustiques du genre anophèles peuvent transmettre le paludisme
Certains moustiques du genre anophèles peuvent transmettre le paludisme

Il y a de quoi s'inquiéter ! Une nouvelle étude réalisée au Rwanda montre les premiers signes de résistance à l'artémisinine en Afrique. Une première qui laisse perplexe, sachant que l'artémisinine (qui est extraite de la plante Artemisia annua) est considérée comme la seule molécule efficace contre la forme grave du paludisme. 

Pour traiter le paludisme, une maladie transmise par certains moustiques femelles à l’homme, l'artémisinine n'est pas utilisée toute seule. Elle est souvent associée à d'autres molécules pour éviter que le parasite responsable du paludisme ne présente une résistance à cette molécule.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a longtemps estimé que lorsque l'artémisinine est correctement utilisée avec d'autres antipaludiques dans des associations thérapeutiques à base d'artémisinine (artemisinine based combinaison therapy ou ACT), elle agit contre le paludisme dans près de 95% des cas et le risque de pharmacorésistance chez le parasite est très faible. Mais aujourd'hui, "cette nouvelle résistance aux médicaments antipaludiques à base d'artémisinine peut être associée à plusieurs facteurs de gravité de la maladie", explique Aline Uwimana, directrice de l’unité de gestion des cas de paludisme au Centre biomédical du Rwanda, à nos confrères de SciDev.

Un problème de santé publique urgent

Avec près de 500.000 décès chaque année dont la plupart en Afrique, le paludisme pèse sur le continent, d’autant que les moustiques vecteurs de la maladie sont de plus en plus résistants aux insecticides. L'OMS estime que "l’apparition d’une résistance de plasmodium falciparum à l’artémisinine pose un problème de santé publique urgent qui compromet la viabilité des opérations actuellement menées à l’échelle mondiale pour réduire la charge du paludisme". Alors que les chercheurs qui sont à l'origine de cette nouvelle étude laissent entendre que cette résistance est "une menace majeure pour la santé publique sur le continent africain". 

Au Rwanda, le nombre de cas de paludisme simple est passé d’environ un million en 2012 à 4,5 millions en 2016 alors que les cas de paludisme sévère sont passés de 9.000 à 17.000 au cours de la même période. Si le gouvernement multiplie ses actions pour lutter contre ce mal, à l'instar de l'utilisation des drones et la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide, il reste encore beaucoup à faire pour se débarrasser de cette terrible maladie. 

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