L'Afrique doit regarder la dépression dans les yeux

Le continent souffre d'un mal que beaucoup voudraient ignorer : la dépression. Selon l'OMS, en Afrique près de 30 millions de personnes vivent avec un trouble dépressif, bien souvent sans aucun suivi médical.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Presque 30 millions d'Africains souffrent de dépression (Image d'illustration)
Presque 30 millions d'Africains souffrent de dépression (Image d'illustration)

C'est un sujet qu'on aborde presque jamais en Afrique. Comme si la santé mentale était tabou, comme si c'était "beaucoup de bruit pour rien".  Et pourtant ! Ces problèmes sont bien réels et il est essentiel d'en parler pour avoir une chance de se faire aider. L'un des principaux troubles mentaux qui sévit en Afrique est la dépression. Certains la décrivent comme une "maladie d'Occidental" et la tournent en ridicule. C'est une erreur : elle touche des millions d'Africains. En Algérie, ils seraient près de 2 millions à en être victimes. Au Nigeria, plus de 7 millions de personnes souffriraient même de dépression ! Au total, selon l'OMS, en Afrique près de 30 millions de personnes vivent avec un trouble dépressif. 

Comment la définir alors qu'elle frappe chacun de manière différente ? Pour faire simple, la  dépression est un trouble mental qui vous ôte le goût de la vie. Elle se caractérise par une tristesse, une perte d’intérêt ou de plaisir. Parfois, des sentiments de culpabilité ou de dévalorisation de soi, un sommeil ou un appétit perturbé, une fatigue, des problèmes de concentration s'y ajoutent. Sans traitement, la dépression peut s'installer sur le long terme et, dans les cas les plus graves, pousser au suicide. C'est trop grave pour continuer à la passer sous silence. Surtout qu'il existe des solutions !

Un diagnostic difficile

La première étape pour aller mieux, c'est de consulter et d'être diagnostiqué. Comme pour n'importe quelle maladie "physique" ! Mais, en Afrique, c'est souvent compliqué : tout le monde n'a pas facilement accès à un médecin, et les spécialistes de la santé mentale, comme les psychiatres et les psychologues, sont peu nombreux. Une solution à cette pénurie de médecins spécialisés pourrait être de former les médecins de terrain, comme les généralistes, à identifier les patients souffrant de troubles dépressifs.

Mais même si cette formation est une piste, les techniques de diagnostic, mises au point dans des pays occidentaux, ne sont pas toujours adaptées et efficaces pour poser un diagnostic auprès des populations du continent. Heureusement, grâce aux réseaux sociaux et à Internet, il est aujourd'hui plus facile de trouver des ressources pour se faire aider. N'ayez pas honte de chercher ! C'est peut-être d'ailleurs ce qui vous a conduit ici...

Le prix de l'ignorance

Si on l'ignore ou la déconsidère, la dépression finit toujours par vous rattraper ! Et c'est un vrai danger, car une personne dépressive peut se retrouver incapable de travailler, de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Ces personnes ont aussi plus de risques de développer des addictions, de se tourner vers la drogue et l'alcool,  et même de tenter de se suicider. 

En attendant que les choses progressent au niveau des systèmes de santé pour une meilleure prise en charge des personnes dépressives, c'est aussi à la société d'évoluer ! Les troubles de la santé mentale doivent être pris au sérieux. Il faut apprendre à écouter et respecter ceux qui en sont victimes plutôt que de les critiquer et de moquer leur souffrance. C'est d'autant plus utile en cette période de pandémie et de confinements qui peut avoir un impact supplémentaire sur les personnes dépressives ou anxieuses... La dépression passe d'autant plus vite si l'on est soutenu par ses proches, alors, soyons solidaires !

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