Côte d'Ivoire, Mali, Burkina Faso, Guinée... le Covid-19 fait chuter la fréquentation des hôpitaux en Afrique

Alors que l’Afrique semble toujours relativement épargnée par l'épidémie de Covid-19, de plus en plus de professionnels de santé s’inquiètent de voir les hôpitaux désertées par les patients non atteints par le virus.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
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De nombreux Africains renoncent aux soins par peur de contracter le Covid-19 (photo d'illustration)
De nombreux Africains renoncent aux soins par peur de contracter le Covid-19 (photo d'illustration)

Où sont passés les patients non-Covid ? C'est LA question que l'on se pose dans de nombreux hôpitaux du continent africain. Que ce soit au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Mali, en Guinée ou encore à Madagascar, les passages aux urgences baissent depuis l'arrivée du coronavirus en Afrique. Entre avril et septembre 2020, certains hôpitaux ont enregistré une baisse de 23% des consultations concernant les enfants de moins de cinq ans, par rapport à la même période en 2019. C'est ce qui ressort d'un rapport publié, il y a quelques jours, par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Ce rapport, qui évalue l’impact du Covid-19 sur la lutte contre ces trois maladies, compile les données de nombreux pays d'Afrique et d'Asie. Au niveau continental, 24 pays ont été sélectionnés pour cette étude : Afrique du Sud, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Eswatini, Éthiopie, Ghana, Guinée, Kenya, Madagascar, Malawi, Mali, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo (RDC), Rwanda, Sierra Leone, Togo, Ouganda, Zambie et Zimbabwe. Et les résultats sont inquiétants : "selon 85 % des établissements sondés, les patients ont cessé de fréquenter les établissements de santé surtout par crainte de contracter le Covid-19".

La lutte difficile contre le VIH, la tuberculose et le paludisme

Selon cette étude, le Covid-19 perturbe le dépistage, la prévention et le traitement du VIH/Sida, de la tuberculose et du paludisme, trois maladies qui font (déjà) plus de trois millions de morts par an. Certains établissements de santé en Afrique "ont enregistré une baisse de 29 % des orientations et une diminution de 28 % des services de diagnostic et de dépistage de la tuberculose pharmacosensible", alors que le nombre de tests de dépistage du VIH a baissé de baissé de 41% en moyenne.

Même son de cloche pour le paludisme, les établissements sondés en Afrique ont enregistré une chute du taux de diagnostic de 17% et une baisse des traitements de 15%. Pis, "21% des établissements africains subissaient une pénurie d’antipaludéens pour les enfants de moins de cinq ans", note le rapport. 

Des chiffres qui ne devraient pas surprendre le Professeur Yap Boum II, représentant régional d’Epicentre, la branche "recherche et épidémiologie" de Médecins sans frontières (MSF). Dans une interview qu'il a accordée à AlloDocteurs Africa, il estime que "sans nouveau traitement, on va se retrouver face à des situations où on n’aura plus de solutions thérapeutiques face à une des plus grandes maladies qui sévit en Afrique".

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