Coronavirus : pourquoi les chercheurs africains sont les grands absents des prestigieuses revues médicales ?

Depuis l'apparition de la pandémie du coronavirus (Covid-19), des milliers d'articles scientifiques ont été publiés. Mais seulement une infime partie d'entre eux a été rédigée par des chercheurs africains, selon le British Medical Journal.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Peu de chercheurs africains rédigent des articles scientifiques dans les prestigieuses revues médicales (photo d'illustration)
Peu de chercheurs africains rédigent des articles scientifiques dans les prestigieuses revues médicales (photo d'illustration)

Elle se cherche ! La recherche scientifique est encore un parcours du combattant pour les chercheurs africains. Si l’Afrique a conscience d'être à la traîne à ce niveau, elle n'arrive toujours pas y remédier. Malgré ses 1,3 milliard d'habitants et bien que ses capacités scientifiques, technologiques et innovatrices ne cessent de s'améliorer, le continent ne compte que 2,4% de chercheurs. Une situation d'autant plus regrettable à l'ère de la pandémie, vu que la majorité des articles sur l’évolution du Covid-19 en Afrique sont rédigés par des chercheurs qui n’y ont jamais mis les pieds. Et c'est une étude publiée sur la prestigieuse revue britannique British Medical Journal qui le dit. 

Selon l'étude parue sur la revue britannique, seulement 3% des articles scientifiques sur l'évolution de la pandémie de Covid-19 ont été rédigés par des chercheurs africains. Pourtant, ces derniers ont eux aussi, d'après les auteurs de l'étude, leur mot à dire pour comprendre les spécificités de cette maladie qui a déjà fauché la vie de plus de 114.000 personnes en Afrique. 

Des conséquences désastreuses

D'après les auteurs de l'étude, le manque de publications scientifiques signées par des chercheurs africains fait que les solutions proposées pour freiner ou stopper la pandémie sont inadaptées pour le contexte africain. Les rares publications des scientifiques locaux ont d'ailleurs ont apporté "de précieuses contributions dans la lutte contre le Covid-19", selon l'étude. Des propos qui trouvent écho dans les dires du professeur Yap Boum II, représentant régional d’Epicentre, la branche "recherche et épidémiologie" de Médecins sans frontières (MSF) : "Je pense et j'espère qu'à la fin de l'épidémie, on se rendra compte de l'importance de la recherche pour avoir des solutions adaptées à notre environnement. Aujourd'hui, le coronavirus en Europe n'a rien à voir avec le coronavirus en Afrique. Ce n'est pas la même prise en charge, ce n'est pas le même challenge. Il faut une solution locale", nous avait-il expliqué lors d'une interview exclusive. 

Le British Medical Journal rappelle l'importance de la contribution des chercheurs africains pour réfléchir à de meilleures politiques de santé. Pour l'heure, l'Egypte, le Nigéria et l'Afrique du Sud sont à l'origine de la majorité des publications des chercheurs africains sur le coronavirus. Pourtant, la majorité des pays du continent disposent de nouvelles universités axées sur la recherche. Certains d'entre eux se sont même dotés d'un ministère de la recherche, et tout le monde a les capacités nécessaires pour développer la recherche scientifique. Encore faut-il le vouloir... 

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