En Guinée, la difficile restructuration du système pharmaceutique

Le secteur pharmaceutique guinéen est en difficulté ! Entre corruption et trafic de faux médicaments, le gouvernement peine à faire bouger les choses.

Mamadou Oury Diallo
Rédigé le , mis à jour le
Le business de faux médicaments tue, chaque année , plusieurs centaines de milliers d'Africains
Le business de faux médicaments tue, chaque année , plusieurs centaines de milliers d'Africains

Ça se complique ! Alors que le président Alpha Condé a décidé, en mars 2019, de réduire le nombre de sociétés importatrices des produits médicaux, il reste encore beaucoup à faire pour réguler le secteur pharmaceutique guinéen. Si l'annonce du président avait, à l'époque, évité une grève nationale des pharmaciens, rien n'a changé depuis, ou si peu...

Pourtant, la Guinée est durement touchée par le trafic de faux médicaments. Si depuis 2018, elle multiplie ses efforts contre ce fléau meurtrier, les obstacles semblent nombreux. Pour mettre fin au trafic, l’Etat a décidé de valider, en novembre dernier, la création de l'Agence Africaine du médicament (AMA). De quoi permettre "la mise en place d’une centrale d’achat de médicaments à bon prix dans tous les pays membres", précise le ministre de la Santé, médecin-colonel Remy Lamah. 

A l'heure où au moins 50 sociétés grossistes importent les médicaments sur le sol guinéen, le gouvernement espère que seuls 3 grossistes pourront s'assurer de la distribution future des traitements. Mais le dernier rapport de la commission mise en place pour restructurer le secteur pharmaceutique laisse perplexe. Au lieu des 4 sociétés espérées par Alpha Condé, le rapport mentionne 7 entreprises. De quoi pousser le chef d'Etat à réagir : "Je ne comprends pas pourquoi au lieu de quatre, on propose sept sociétés. J'attends d'avoir des explications avant de m'engager". 

"Des mains noires plus fortes que le chef d'Etat"

Face aux nombreuses difficultés du secteur pharmaceutique, le Dr Manizé Kolié, secrétaire général des pharmaciens et d'officines privées, estime qu'il y a "des mains noires qui sont plus fortes que le chef d'Etat". Avant d'ajouter qu'"on dirait que les ministres qui se succèdent au niveau du ministère de la Santé sont des obligés de quelqu'un d'autre que le chef de l'état. Il y a plus fort que le chef d'Etat en Guinée. Le président donne des ordres depuis plus d'un an, un autre mentor dit non. Ça continue comme ça dans le secteur de la pharmacie". 

Même ceux qui sont chargés de mener la lutte contre le marché parallèle des médicaments en Guinée se disent impuissants face à des réseaux de plus en plus développés."Il n'y a rien derrière tout ça, si ce n'est des pots de vin. La corruption qui est là, a tout gâché. La Guinée est inondée de faux médicaments. Notre pays est devenu la poubelle internationale de faux médicaments" explique le colonel Moussa Thiegboro Camara, secrétaire général chargé de la lutte contre la drogue et le crime organisé. Jusqu'à quand ? 

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