Vacciner, une nécessité pour vaincre le choléra au Cameroun

Il y a quelques jours, une grande campagne de vaccination contre le choléra a été lancée dans trois régions du Cameroun. Pour en savoir plus sur cette opération, on a échangé avec James Longsi, le point focal de la surveillance épidémiologique dans la région du Littoral.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
A Douala, de nombreuses personnes n'ont pas encore accès à l'eau potable (photo d'illustration)
A Douala, de nombreuses personnes n'ont pas encore accès à l'eau potable (photo d'illustration)

Toujours aux prises avec le coronavirus, le Cameroun est aussi confronté à une épidémie de choléra. Face à cette maladie diarrhéique sévère qui se contracte par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae, les autorités ont lancé une campagne de vaccination en deux phases. Ces derniers jours, près de 400.000 Camerounais âgés d'au moins 1 an ont été vaccinés contre le choléra, dans les régions du Sud-Ouest, du Sud et du Littoral. Ces personnes ont bénéficié du vaccin contre le choléra qui est administré par voie orale en deux doses. Pour en savoir plus sur cette opération, qui est la deuxième du genre après celle d'août dernier, on a rencontré James Longsi, point focal régional de la surveillance épidémiologie du ministère de la Santé dans la région de Douala. Entretien avec un spécialiste de la santé publique. 

AlloDocteurs.Africa : Qu’est-ce qui a amené les autorités camerounaises à lancer une campagne de vaccination dans trois régions ?

James Longsi : En 2020, il y a eu dans la région du Littoral une épidémie confirmée. Nous avons été alors amenés à conduire une campagne de vaccination de riposte. Et comme il faut deux tours de vaccination pour atteindre l’objectif de protection, il a fallu effectuer le second après celui du mois d’Août dernier. Il y avait déjà 779 cas à cette période pour une quarantaine de décès dans la seule région du Littoral. Comme c’est la période à laquelle le choléra se  signale habituellement, nous n’avons pas hésité à lancer la deuxième phase.

A.D.A : Peut-on espérer une amélioration de la situation épidémiologique dans les régions concernées par cette campagne ?

J.L : C’est justement l’espoir d’une amélioration de la situation qui nous a amené à organiser cette campagne. Cet espoir peut être vain, si les autres acteurs ne s’impliquent pas. Je veux parler des médias qui doivent sensibiliser les populations et leur donner la bonne information. Ce n’est que quand les populations auront reçu ce vaccin, qui est une mesure complémentaire, que nous  saurons s’il y a amélioration. Car le vaccin contre le choléra n’est pas un vaccin nouveau dans le monde. On l’a beaucoup utilisé dans le Grand Nord où il y a toujours eu des épidémies de choléra. Dans le Grand Sud, comme les épidémies sont plutôt saisonnières, ce n’est pas véritablement une endémie. Du coup, les gens se contentaient de se laver les mains en attendant que la mauvaise période passe. Nous nous sommes dits que si nous avons un vaccin et qu’il est difficile pour les gens d’avoir accès à l’eau potable et pouvoir évacuer les matières fécales et d’autres déchets, il valait mieux proposer ce vaccin en complément des autres mesures de protection.   

A.D.A : L'épidémie actuelle vous alarme ?

J.L : Le mot “alarme“ est un peu fort. La santé publique ayant une visée préventive, nous voyons la menace venir, nous nous organisons pour la juguler. Maintenant comme je l’ai dit, il faudrait que les autres s’impliquent en signalant aux populations le danger. Nous avons espoir avec les moyens de lutte qui sont disponibles et dont l’efficacité est prouvée, mais nous ne pouvons compter que sur l’adhésion  des  populations.

A.D.A : Le nombre de morts enregistrés en 2020 ne vous inquiète pas non plus ?

J.L : En santé, qu’il y ait un seul mort est déjà un gros souci, une grosse perte  pour la famille, pour la société, le service, le système de santé ou l’entreprise qui employait la personne décédée. La particularité du choléra, c’est que c’est une maladie qui est souvent insidieuse, fulgurante quand elle s’installe et qui peut vous emporter dans les minutes qui suivent, du fait de la déshydratation. Souvent, le nombre de décès n’est pas forcément lié à la faiblesse du système de santé. Car le choléra se prend très vite en charge. C’est une maladie bactérienne qu’on traite avec des antibiotiques. Lorsqu'on diagnostique un cas de choléra, on dispose de notre solution de réhydratation et nos antibiotiques que nous administrons au patient contaminé. La dangerosité de cette maladie réside dans la consultation tardive des formations sanitaires.  

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