Cameroun : Médecins Sans Frontières veut reprendre ses activités

L’organisation humanitaire Médecins sans Frontières, accusée de collusion avec les combattants séparatistes, est suspendue par les autorités du Nord-Ouest, en proie à un conflit armé en Décembre 2020.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Médecins Sans Frontières réclame la reprise de ses activités dans la région du Nord-Ouest (Image d'illustration/Crédit photo  MiroS Lav)
Médecins Sans Frontières réclame la reprise de ses activités dans la région du Nord-Ouest (Image d'illustration/Crédit photo MiroS Lav)

Médecins Sans Frontières (MSF) est fatigué de chômer. L’organisation humanitaire veut recommencer à aider les populations de la région du Nord-Ouest (Cameroun), en proie à une insurrection séparatiste depuis près de 4 ans. Suspendue le 8 décembre 2020 par les autorités, qui l’accusaient de collusion avec les milices rebelles, l’ONG Prix Nobel de la Paix en 1999, réclame la levée de cette sanction.

"Cette suspension constitue une atteinte grave à l’accès humanitaire et médical. À l’heure où nous parlons, nos agents de santé communautaires voient des gens souffrir et mourir à cause du manque de médicaments dans certains villages et communautés déplacées," s'insurge le coordinateur des opérations de MSF en Afrique centrale, Emmanuel Lampaert. "Notre centrale d’appel continue de recevoir des demandes d’envoi d’ambulances, mais nous n’avons pas le droit d’agir. Nous appelons une fois encore le gouvernement du Cameroun à donner la priorité aux besoins de la population, et à immédiatement autoriser la reprise de nos activités médicales dans le Nord-Ouest".

Une absence qui se ressent  

Médecins Sans Frontières relève que "l'accès aux soins de santé est une préoccupation majeure dans la région du Nord-Ouest autant qu’au Sud-Ouest au Cameroun", l’autre région en proie à ce qu’on appelle ici la "crise anglophone". Emmanuel Lampaert ajoute qu’à cause "de l'insécurité, de l’imposition de mesures de confinement, de couvre-feu et du ciblage des établissements de santé, l'accès aux soins s’est fortement réduit. Au moins un cinquième des structures de soins ne sont plus fonctionnelles. Les populations déplacées osent difficilement se rendre vers les structures de santé, et le ralentissement économique rend les transports et les frais d’hôpitaux encore plus difficiles à assumer. Inévitablement, la mortalité parmi les groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants a augmenté, et la suspension de notre soutien médical aggrave encore les choses", déplore-t-il.

Les "French Doctors" affirment  avoir bravé mille dangers, et enduré toutes sortes de souffrances, pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin au Nord-Ouest. Le personnel médical, les agents communautaires et les patients auraient ainsi subi de façon régulière des menaces et  des violences "de la part des groupes armés étatiques et non étatiques“ accusés par MSF d’avoir tiré sur ses  ambulances. Avant sa suspension, les agents de santé communautaire soutenus par MSF avaient mené plus de 150.000 consultations au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. 

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