Paludisme : La résistance des moustiques aux insecticides, un nouveau défi burkinabé

Alors que l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticide ne cesse de diminuer au Burkina Faso, les scientifiques tentent de trouver de nouvelles solutions face au paludisme.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
De nouvelles moustiquaires sont considérées comme un excellent rempart contre le paludisme (photo d'illustration)
De nouvelles moustiquaires sont considérées comme un excellent rempart contre le paludisme (photo d'illustration)

La lutte est de moins en moins efficace ! Au Burkina Faso, les moustiques du genre Anopheles sont devenus insensibles aux différents produits utilisés pour lutter contre l'un des fléaux du continent, et la maladie la plus meurtrière dans le monde : le paludisme.

Responsable de près d'un demi-million de morts chaque année dans le monde, cette maladie (qu'on appelle aussi malaria) est causée par un parasite – le plasmodium – qui est transmis aux humains par la piqûre d’un moustique. Et le Burkina Faso fait partie des pays africains les plus touchés par ce mal : en 2020, 11 millions de cas ont été recensés sur le sol burkinabé dont près de 4.000 décès. 

Pour lutter contre cette maladie, on avait généralement recours à des médicaments antipaludéens et des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Mais depuis, le moustique s'est renforcé : il a développé des résistances aux insecticides, qui sont de moins en moins efficaces. Face à cette situation, les scientifiques multiplient leurs efforts pour trouver une solution. 

Un nouveau type de moustiquaires

Depuis peu, une lueur d’espoir émerge avec une nouvelle génération de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA). Considéré comme le meilleur rempart actuel contre le paludisme, ce dispositif contient une combinaison de substances chimiques. Ce qui lui permet de lutter contre les moustiques devenus résistants aux insecticides présents sur les moustiquaires conventionnelles. 

A l'issue de différents essais cliniques au Burkina Faso, les autorités s'apprêtent à déployer ces moustiquaires de nouvelle génération sur tout le territoire national. Une bonne nouvelle, quand on sait que le paludisme est la première cause de mortalité sur le sol burkinabé. 

Transformer un moustique qui pique en un moustique qui ne pique pas

Autre recours : masculiniser les moustiques. Avant d'aller plus loin, il faut rappeler que, chez les moustiques, seules les femelles piquent. L'objectif du projet Target Malaria de l'Institut de recherche en science de la santé (IRSS) consiste donc à transformer les femelles... en mâles. Et cela passe par le lâcher d'un moustique mâle génétiquement modifié, qui serait capable d'avoir une progéniture à prédominance mâle. 

"Cela veut dire que ces moustiques génétiquement modifiés, une fois qu'ils s'accouplent avec les femelles, ces femelles peuvent avoir de la progéniture et presque toute cette progéniture sera constituée de mâles. Cela a un intérêt particulier en ce sens que les mâles ne piquent pas, donc ne transmettent aucune maladie. Si tous les moustiques deviennent des mâles, cela veut dire que la chaine de transmission du paludisme sera coupée", explique le Dr Abdoulaye Diabaté, responsable du projet Target Malaria à nos confrères du Faso. 

Dernière possibilité : assainir les marais, c'est-à-dire à les assécher et à les utiliser pour l'agriculture, ou encore à les couvrir de bâtiments, routes et chemins et rendre les maisons plus salubres. Un moyen de lutte qui a déjà fait ses preuves, par le passé,  en Europe et aux Etats-Unis…  

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