La "polio" enfin éradiquée en Afrique

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s'apprête à certifier, ce mardi, le continent africain "exempt de poliovirus sauvage", quatre ans après l'apparition des derniers cas dans le Nord-Est du Nigeria.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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Non, la poliomyélite n'est pas une maladie du passé
Non, la poliomyélite n'est pas une maladie du passé

C'est une belle victoire. "Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d'enfants ont été sauvés" de cette maladie, se réjouit l'OMS dans un communiqué publié quelques heures avant l'officialisation de ce rendez-vous historique, étape cruciale dans l'éradication mondiale de la poliomyélite, qu'on appelle aussi polio

Touchant principalement les enfants, cette maladie très contagieuse est provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et peut entraîner une paralysie totale en quelques heures. Elle était endémique partout dans le monde, jusqu'à la découverte d'un vaccin dans les années 1950. Les pays les plus riches y ont eu rapidement accès, mais l'Asie et l'Afrique sont restés longtemps d'importants foyers infectieux. 

Le Nigéria revient de loin

En 1988, l'OMS dénombrait 350.000 cas à travers le monde et encore plus de 70.000 cas rien qu'en Afrique en 1996. Epicentre de la maladie dans le monde au début des années 2000, le Nigeria a fait un énorme travail de vaccination. Mais dès 2009, l'émergence du conflit contre Boko Haram a douché les espoirs d'éradication de la maladie. Car dans les zones totalement contrôlées par les jihadistes, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires ne pouvaient plus approcher les enfants. 

"A l'époque, environ 400.000 enfants étaient hors d'atteinte de toute campagne médicale à cause des violences", se rappelle le Dr Tunji Funsho, du comité Polio Nigeria de l'association Rotary International. Résultat, en 2016, quatre nouveaux cas de poliomyélite étaient enregistrés dans l'Etat du Borno (Nord-Est), foyer de l'insurrection jihadiste. Face à cette situation, "les autorités locales, les agences humanitaires et tous les partenaires ont pris le taureau par les cornes pour trouver des solutions pour atteindre ces enfants", raconte le Dr Musa Idowu Audu, coordinateur de l'OMS pour l'Etat du Borno. Avant d'ajouter que "nous avons dû construire un pacte de confiance avec ces populations, en leur fournissant des soins médicaux gratuits par exemple".

Aujourd'hui, l'Afrique doit s'assurer qu'aucun cas de "polio" provenant du Pakistan ou d'Afghanistan ne viendra saper ce succès et qu'une proportion suffisante de ses enfants soient vaccinés pour assurer l'immunisation totale du continent.

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