Le Programme alimentaire mondial craint une "catastrophe alimentaire"

Entre la pandémie de Covid-19, les conflits en cours et une augmentation inquiétante du prix des denrées alimentaires, le Programme alimentaire mondial (PAM) s'inquiète de l'émergence d'une catastrophe alimentaire en Afrique de l'Ouest et centrale.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
31 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir d'insécurité alimentaire d'ici juin (Image d'illustration)
31 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir d'insécurité alimentaire d'ici juin (Image d'illustration)

C'est une nouvelle inquiétante pour le continent. Selon les projections du Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 31 millions de personnes risquent d'être dans l'incapacité de se nourrir dans les prochains mois en Afrique de l'Ouest et centrale. Une situation amenée par les effets conjugués des conflits, de la pandémie et de l'augmentation considérable du prix des denrées alimentaires.

Le PAM, distingué en 2020 par le prix Nobel de la paix, lance donc un appel à réunir les fonds nécessaires pour faire face au risque que plus de 31 millions de personnes se retrouvent dans une situation d'insécurité alimentaire entre juin et août. Cette période correspond à la saison dite de soudure, au cours de laquelle les réserves alimentaires n'ont pas été reconstituées après épuisement des récoltes précédentes. "Une action immédiate est nécessaire afin d’éviter une catastrophe alimentaire", insiste le PAM. 

Inquiétant record 

31 millions de personnes en état d'insécurité alimentaire. Ce chiffre, supérieur de plus de 30% à celui de l'année dernière, est le plus élevé depuis près de dix ans. Près de 10 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent déjà de malnutrition aiguë dans la région, dont la moitié rien qu'au Sahel, et ce chiffre menace d'augmenter fortement, selon le PAM. Au Sahel, mais aussi au Nigeria, en République centrafricaine ou au Cameroun, l'accès des populations à la nourriture est restreint par les conflits et la violence.

Des situations instables auxquelles sont venues s'ajouter la pandémie de Covid-19 et une "hausse incessante des prix qui agit comme un multiplicateur de pauvreté", explique le directeur régional du PAM, Chris Nikoi. Par rapport à la moyenne des 5 dernières années, les prix des produits locaux ont augmenté de 40% dans la région et jusqu'à 200% dans certaines zones. "Même lorsque les denrées alimentaires sont disponibles, les familles n'ont tout simplement pas les moyens de s’en procurer", ajoute Chris Nikoi. 

Appel aux dons

Les populations sont confrontées aux restrictions instaurées contre le Covid-19 et à la baisse des revenus causée par la crise, mais ils doivent aussi faire face à la diminution des transferts de fonds effectués de l'étranger par les diasporas, contribution importante aux économies africaines.

Pour empêcher que la situation alimentaire ne dégénère, "le PAM a besoin de 770 millions de dollars pour ses opérations dans 19 pays de la région", sur les 6 prochains mois selon le directeur général. "Si ces fonds ne sont pas collectés, les rations seront diminuées pour les personnes dans le besoin, notamment celles qui souffrent de la faim à cause des conflits", prévient-il. Une situation qui viendrait aggraver la crise alimentaire sur le continent, alors que l'Afrique de l'Est fait déjà face à la menace d'une famine causée par le retour des criquets pèlerins.  

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !