Côte d'Ivoire : un plaidoyer pour faciliter l'avortement

En Côte d’Ivoire, comme dans la plupart des pays africains, le droit à l'avortement est limité. Mais une ONG se bat pour faire bouger les politiques.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
En Côte d'Ivoire, une ONG veut légaliser l'avortement (photo d'illustration)
En Côte d'Ivoire, une ONG veut légaliser l'avortement (photo d'illustration)

Il est punissable de dix ans de prison ! L’interruption volontaire de grossesse (IVG), un acte médical qui permet aux femmes de mettre fin à une grossesse non désirée avant son terme, est toujours interdite en Côte d'Ivoire. Certes, le pays a ratifié, en 2012, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et son protocole de Maputo, relatif aux droits des femmes, qui autorise l’avortement médicalisé. Mais pour l'heure, le Code pénal ivoirien autorise l'avortement seulement dans deux situations : lorsque "la vie de la mère est gravement menacée" et en cas de viol à la demande de la victime. 

Pour que le gouvernement autorise l'IVG en cas d’agression sexuelle, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale, physique ou la vie de la mère ou du fœtus, comme le stipule le protocole de Maputo, l'ONG Action contre les grossesses non désirées et à risques (AGNDR) multiplie ses efforts pour la légalisation de l'avortement. 

Près de 300.000 avortements clandestins par an

 Selon un rapport de Performance Monitoring & Accountability (PMA 2020), "entre 209.380 et 288.252" avortements clandestins sont réalisés chaque année sur le sol ivoirien. Réalisée sans assistance médicale, cette opération est responsable de la mort de 20% des Ivoiriennes qui la pratiquent. 

Mais avant d'espérer un avortement sécurisé, la Côte d'Ivoire a encore beaucoup d'obstacles à franchir. Dans un pays où l'aspect religieux et traditionnel est très fort, la question de sexualité et de santé en matière de reproduction est encore taboue. Et à l'heure du coronavirus (Covid-19), Honorine Adou Secreoua, la présidente de l’AGnDR regrette, dans une interview avec nos confrères de l'Agence de Presse Africaine, que l'épidémie "crée des dégâts énormes sur la santé sexuelle reproductive et joue sur le droit en matière de santé de la reproduction". Avant de préciser que "nous faisons un plaidoyer pour que l’Etat de Côte d'Ivoire qui a ratifié le Protocole de Maputo puisse s'y conformer, en élaborant des lois en interne". 

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