Paludisme : une résistance aux médicaments inquiète en Afrique

La résistance à l’artémisinine, principal composant des traitements contre le paludisme, inquiète en Afrique. Pour contrer ce phénomène et éviter un scénario catastrophe, le continent prépare sa riposte.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Certains moustiques infectés du genre Anophèles peuvent transmettre le paludisme (photo d'illustration)
Certains moustiques infectés du genre Anophèles peuvent transmettre le paludisme (photo d'illustration)

Ça se complique ! La récente découverte au Rwanda d'une résistance des parasites responsables du paludisme au traitement à base d’artémisinine pourrait compliquer la lutte contre cette maladie infectieuse en Afrique.

En juillet dernier, cette même résistance des parasites aux traitements donnés aux personnes atteintes par le paludisme a fait des ravages dans les pays d'Asie du Sud Est. La Worldwide Antimalarial Resistance Network (WWARN) estimait à l'époque que "si cette résistance aux médicaments se propage davantage ou émerge en Afrique, des millions de vies seront alors en danger". Or, c’est aujourd'hui le cas...

116.000 décès supplémentaires

Face à cette situation, de nombreux scientifiques multiplient leurs efforts pour contenir la propagation des parasites résistants au Rwanda et dans les pays avoisinants  (Ouganda, RDC, Burundi, Kenya, Zambie, Tanzanie), précise le média français La Croix. Sans cela, les traitements à base d'artémisinine, une substance active extraite de l'artemisia et qui est au coeur des traitements les plus utilisés contre le paludisme, pourraient devenir inefficaces. Une situation préoccupante qui pousse l'Imperial College de Londres à prédire 78 millions de cas et 116.000 décès supplémentaires sur une période de cinq ans.

Ce constat est d'autant plus préoccupant que, selon les estimations, 210 millions de cas de paludisme surviennent chaque année dans le monde, dont environ 430.000 décès. Alors que le continent africain enregistre la majorité des morts, l'année 2020 fut particulièrement difficile. A l'heure où l'Afrique vit toujours à l'heure du coronavirus, le seuil des 400.000 morts a été franchi en 2020 dès le mois d'avril. Et selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Covid-19 peut encore être responsable d'environ 400.000 décès supplémentaires liés au paludisme, vu que la pandémie fragilise la distribution de moustiques et de médicaments. 

De nouveaux médicaments contre le paludisme ?

Mais l'espoir existe : l'Afrique prépare sa riposte. Medicines for Malaria Venture (MMV), une organisation à but non lucratif, travaille à développer un large portefeuille d’antipaludiques, dont un nouveau médicament, qui cible les parasites présentant une résistance aux traitements actuels. Actuellement en phase d'essai clinique, ce traitement pourra être donné aux enfants dès l’âge de six mois, car le paludisme est particulièrement mortel chez les enfants de moins de 5 ans.

Sauf que pour contrer ce phénomène de résistance, de nouveaux médicaments ne suffisent pas. "Il faudrait améliorer les outils cliniques permettant le suivi des personnes traitées comme la mise en place d’un nouvel examen clinique dès le 2e jour plutôt que le 3e ou le 4e après le début du traitement médicamenteux", explique Didier Ménard, chef de l’unité Génétique et résistance du paludisme à l’Institut Pasteur, à nos confrères de La Croix.

Il faudrait aussi bien prendre ses médicaments ! Car quand on vous prescrit un traitement et que vous ne le prenez pas comme indiqué, ou que vous substituez certains médicaments de qualité par des produits achetés moins chers au marché noir, vous diminuez l'efficacité du traitement (en plus de vous mettre en danger). Ce qui favorise l'apparition d'une résistance au médicament en question...

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