Être lépreux à Douala

Ils ne sont plus malades, mais la lèpre leur a laissé des séquelles. Abandonnés par leurs familles, les anciens lépreux trouvent refuge dans la léproserie de Dibamba, à une trentaine de kilomètre de Douala.

Marinette Nguimfack Standley
Rédigé le , mis à jour le
Les anciens malades de la lèpre reçoivent des dons pour subvenir à leurs besoins (photo d'illustration)
Les anciens malades de la lèpre reçoivent des dons pour subvenir à leurs besoins (photo d'illustration)

Sacs de riz, cartons de savons, pâtes alimentaires, vêtements et désinfectants... autant de produits offerts à la léproserie de la Dibamba, à l'occasion de la 68è Journée mondiale des lépreux, les 29, 30 et 31 janvier dernier. 

Parmi les nombreux bienfaiteurs venus redonner le sourire aux lépreux et anciens malades de la lèpre, on peut notamment citer les volontaires de la Croix-Rouge camerounaise (CRC) du département du Wouri. Parmi ces derniers, des dizaines d’élèves et étudiants n'ont pas hésite à prêter main forte. Vanelle Fotso, étudiante en Droit et transit, nous a expliqué que sa présence était motivée par son désir de toucher du doigt les réalités quotidiennes des personnes atteintes par la lèpre. 

Selon Um Antoine Marie, secrétaire du Comité Départemental Croix-Rouge du Wouri, ces dons ont pour but d'honorer le lépreux pour qu’il ne se sente pas délaissé par la société : "Nous venons pour leur apporter le réconfort moral et le soutien matériel afin qu'ils comprennent qu'ils sont, eux aussi, des êtres humains à part entière".

Malgré les dons, la précarité demeure

La précarité dans laquelle vivent de nombreux lépreux est due à leur handicap physique, qui les empêche de travailler et de subvenir à leurs besoins. 

Pougoue Odette souffre de la lèpre depuis 1980. Cette résidente de la léproserie Dibamba a dû être amputée de la jambe droite. De quoi compliquer son quotidien : "Je vends les petits produits de première nécessité. Avant, c'était un peu passable. Mais depuis que j'ai été amputée, je ne peux plus me déplacer facilement. Et ça me cause trop de peines pour survivre avec les enfants". 

Foutchou Joseph, handicapé moteur des suites de la lèpre, estime que les malades vivent chaque jour comme "des oiseaux du ciel", depuis que l’Etat a supprimé les subventions pour cette maladie invalidante. En atteignant le seuil d'élimination de la lèpre, au début des années 2000, le Cameroun s'est désengagé de la lutte contre ce mal. Résultat, de nombreux malades sont voués à eux-mêmes. Jusqu'à quand ?  

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