Cameroun : les autorités s'activent pour une meilleure prise en charge des maladies mentales

Une campagne d'accompagnement des personnes souffrant de troubles mentaux a été lancée au Cameroun. Le but est de sortir ces malades de la pauvreté et de leur proposer des soins adaptés, pour leur donner une chance de se réinsérer dans la société.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Les troubles mentaux sont mal pris en charge au Cameroun (Image d'illustration)
Les troubles mentaux sont mal pris en charge au Cameroun (Image d'illustration)

Venir en aide aux malades souffrant de troubles mentaux : c’est l’objectif visé par l’opération "zéro malade mental errant dans les rues de Yaoundé". Lancée le 6 mai dernier par les ministères de la Santé et des Affaires sociales et la mairie de Yaoundé, cette campagne a démarré par la formation d'une centaine de jeunes. Deux jours de sensibilisation aux maladies mentales, première étape d’un processus destiné à mettre fin au calvaire de ces personnes laissées pour compte, sans les soins dont elles ont besoin. Le but est de ramener ces personnes, souvent abandonnées par leurs familles, dans des formations sanitaires spécialisées, où elles recevront un traitement médical et psychologique et une aide à la réinsertion sociale. 

Les concepteurs de cette campagne veulent assurer une prise en charge communautaire des personnes souffrant de troubles psychiatriques et changer les mentalités et le regard dévalorisant que la société porte sur eux. La Docteure Justine Laure Mengueme, psychologue et sous-directrice de la santé mentale au ministère de la Santé publique, invite les uns et les autres à ne plus considérer les pathologies mentales comme un problème de sorcellerie ou de mysticisme. Selon une étude publiée en septembre 2019, dans le Pan African Medical Journal, "les troubles dépressifs constituent la forme la plus répandue de troubles mentaux"

Une prise en charge qui laisse à désirer

La spécialiste proscrit l’usage de certaines expressions pour désigner les personnes souffrant de troubles psychiatriques"Le terme 'fou' doit être totalement banni", explique-t-elle "parce que ce sont des personnes qui sont malades, et la place des personnes malades n’est pas dans le rue. Leur place est dans les formations sanitaires, soutenues par leurs famille", insiste la Docteure Menguene. Au-delà des mentalités qui doivent changer, la prise en charge des personnes souffrant de maladies mentales au Cameroun pose problème : il n’y a pas assez de psychiatres dans le pays.

C’est d’ailleurs en raison du manque de personnels spécialisés que les unités de santé mentale sont souvent inexistantes dans les hôpitaux régionaux. Les familles doivent dès lors se retourner vers les prêtres, pasteurs et praticiens traditionnels pour tenter d’obtenir la guérison de leur proche, ce qui, le plus souvent, ne fait qu'aggraver leur état. Pour améliorer la prise en charge des ces malades, le ministère de la Santé publique et le ministère de l'Enseignement supérieur "ont inclus dans le programme de formation en médecine les enseignements de psychologie médicale, de sémiologie psychiatrique et de pathologie psychiatrique", selon une information du Pan African Medical Journal. De quoi espérer un meilleur suivi des pathologies mentales au Cameroun ?

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