Afrique du Sud : des femmes en procès contre des implants vaginaux défectueux

Des Sud-Africaines ont décidé de poursuivre des multinationales pharmaceutiques pour les dégâts causés par des prothèses vaginales.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Des centaines de femmes ont souffert à cause d'implants vaginaux défectueux (Image d'illustration)
Des centaines de femmes ont souffert à cause d'implants vaginaux défectueux (Image d'illustration)

Les Sud-Africaines devant la justice. Une dizaine de femmes a décidé d'attaquer en justice deux multinationales pharmaceutiques, le groupe danois Coloplast et Ethicon, filiale du groupe américain Johnson & Johnson. Elles les accusent les deux entreprises d'avoir fabriqué des implants vaginaux défectueux et de les avoir mis sur le marché malgré les risques de complications. Ces implants se présentent sous forme de maille, censés fonctionner comme une sorte d'échafaudage intérieur et aider à régler les problèmes de descente d'organe et d'incontinence. Mais des complications surviennent chez 15 à 25% des femmes, selon une étude de BioMed Research International.

Suzette Roodt, 57 ans, a été soulagée de pouvoir, grâce à un nouvel emploi, s'offrir un implant synthétique pour traiter son incontinence. Mais dès sa sortie de l'hôpital, elle a compris que "quelque chose clochait". La maille était défectueuse et a durci dans son corps, provoquant une obstruction complète de la vessie, des lésions et des douleurs chroniques. Six ans plus tard, Suzette, aujourd'hui sans emploi, est attachée à un cathéter. Elle a décidé de rejoindre la dizaine d'autres Sud-Africaines qui poursuivent Coloplast et Ethicon  pour des blessures subies par ces implants. 

Des milliers d'autres plaignantes 

"On ne nous a jamais parlé d'autres options ou des risques encourus", se lamente Suzette, qui dit avoir subi "des dégâts permanents". Les deux entreprises sont aussi accusées d'avoir lésiné sur les tests de performance et de ne pas avoir communiqué les risques liés à leur utilisation. "Nous avons été contactés par de nombreuses femmes, implantées avec des dispositifs que nous estimons défectueux fabriqués par ces deux sociétés", explique Zain Lundell, expert de ce type d'affaires. Si elle aboutit, cette plainte pourrait jeter les bases de demandes d'indemnisation pour des centaines d'autres Sud-Africaines.

Et elles sont loin d'être les seules victimes. Johnson & Johnson a déjà perdu des recours similaires en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Aux Etats-Unis, ces prothèses ont été classifiées à "haut risque" dès 2016, avant d'être interdites en 2019. Mais pas en Afrique du Sud : aucune de ces informations n'a été communiquée à Chantell Bothma, 41 ans, quand elle a subi une descente d'organes après son accouchement. L'implant a tant cisaillé sa chair que pour le faire enlever, elle n'a eu d'autres choix que de subir une hystérectomie, une ablation totale de l'utérus. Et "ces machins sont toujours sur le marché", s'étonne-t-elle. Ethicon rappelle de son côté que ces implants ont "contribué à améliorer la qualité de vie de millions de femmes" mais dit "compatir avec celles qui ont connu des complications". Coloplast n'a pas répondu aux demandes de commentaires. Pour les femmes victimes d'implants défectueux, il faudra donc attendre un éventuel procès pour peut-être obtenir gain de cause. 

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