L'avortement en Afrique, un parcours de combattantes

Pour la journée mondiale du droit à l’avortement, AlloDocteurs Africa fait le tour du continent africain pour en savoir plus sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Globalement, l’avortement reste interdit en Afrique mais pratiqué, souvent, dans des conditions déplorables (photo d'illustration)
Globalement, l’avortement reste interdit en Afrique mais pratiqué, souvent, dans des conditions déplorables (photo d'illustration)

C'est un calvaire pour les femmes ! Du Maroc à Madagascar, en passant par le Sénégal et la République démocratique du Congo, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est conditionnée par tellement de critères que l'avortement clandestin reste la norme. Car dans la plupart des pays du continent, l'avortement est interdit par la loi. Seuls la Tunisie, l'Afrique du Sud, le Cap-Vert et le Mozambique l'ont dépénalisé. Résultat, "le risque de décéder suite à un avortement non sécurisé est le plus élevé en Afrique", estime l'Organisation mondiale de la santé (OMS)

Alors qu'on célébrait, ce 28 septembre, la journée mondiale du droit à l'avortement, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime dans son dernier rapport que 520 femmes meurent tous les 100.000 avortements à risque en Afrique subsaharienne. Pourtant, il y a vingt six ans, la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) qui s’est déroulée au Caire voulait que les femmes du continent bénéficient de tous leurs droits sexuels et reproductifs. Aujourd’hui, la grande majorité des Africaines sont encore loin d'avoir... leur liberté de femme.

Entre tabou et conditions strictes

Que ce soit au Sénégal, au Mali ou au Cameroun, les femmes sont obligées de remplir certaines conditions très strictes pour pouvoir bénéficier d’un avortement. Mais même quand la loi autorise l'IVG, les femmes n'ont pas forcément la possibilité d'en profiter facilement.

A l'heure où ces lignes sont écrites, beaucoup de femmes victimes de viol ou d'inceste hésitent à en parler, par peur de la réaction de leur famille. Et les malformations foetales, qui peuvent aussi justifier un avortement, sont rarement identifiées à temps. Résultat, "3 avortements sur 4 pratiqués en Afrique" ne sont pas sécurisés, selon les dernières données de l'OMS. 

Un avortement à risque, c'est quoi ? 

Les avortements peuvent être sans risque s’ils sont pratiqués à l’aide d’une méthode préconisée par l’OMS, appropriée à la durée de la grossesse et si la personne pratiquant ou accompagnant l’avortement est compétente. Il peut s’agir de l’administration de médicaments (avortement médical) ou d’un acte simple pratiqué en ambulatoire.

On parle d’avortement à risque (ou clandestin) lorsque la grossesse est interrompue par des personnes qui n’ont pas les compétences nécessaires ou lorsque l’avortement est pratiqué dans un environnement où les normes médicales minimales ne sont pas appliquées, voire les deux. Toute femme dont la grossesse n’est pas désirée et qui ne peut pas accéder à l’avortement sécurisé est exposée au risque de subir un avortement à risque

Malgré les chiffres éloquents de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les taux de mortalité maternelle liés aux avortements clandestins sur le continent africain, l'élargissement du droit à l'avortement semble à la traine sur notre continent. Mais pour protéger les femmes qui feront l'Afrique de demain, les autorités sont appelées à éviter les avortements à risque par :

  • l'amélioration de l'éducation sexuelle
  • la prévention des grossesses non désirées au moyen d'une contraception efficace
  • l'amélioration de l'accès à l'avortement sécurisé et légal

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