La RD Congo ne s'est toujours pas débarrassée d'Ebola

Après 52 jours passés sans détecter de malades, la RD Congo vient d'enregistrer un nouveau décès des suites de la maladie à virus Ebola.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Un patient atteint d'Ebola pris en charge, en 2018, par Médecins sans frontières (MSF) dans le Centre de Traitement d'Ebola de Butembo, en RDC
Un patient atteint d'Ebola pris en charge, en 2018, par Médecins sans frontières (MSF) dans le Centre de Traitement d'Ebola de Butembo, en RDC

Les compteurs reviennent à zéro.  La République démocratique du Congo va devoir encore attendre au moins 42 jours avant de proclamer la fin de l'épidémie d'Ebola qu'elle espérait pour lundi, en raison d'un nouveau cas mortel déclaré vendredi, à trois jours de l'échéance.

Touchée comme le reste du monde par le coronavirus, la RDC pensait pouvoir tourner la page de son autre épidémie. Le pays comptait les jours depuis plus d'un mois, avec l'absence de nouveaux cas et la sortie de la dernière patiente d'un Centre de traitement d'Ebola (CTE) le 3 mars (il y a 38 jours). Car une épidémie ne peut être déclarée finie qu'après une période 42 jours sans qu'aucun malade ne soit recensé sur le territoire. Fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette période de 42 jours correspond à la période d'incubation maximale présumée de la maladie (21 jours) multipliée par deux. 

Décès d'un homme de 26 ans

Le compte-à-rebours a été interrompu vendredi avec l'annonce de la mort d'un homme de 26 ans victime d'Ebola dans le territoire de Beni, l'un des épicentres de l'épidémie de fièvre hémorragique qui a tué 2.273 personnes depuis sa déclaration le 1er août 2018 dans l'est du pays.

"J'ai convoqué une réunion du comité d'urgence sur l'épidémie d'Ebola en RDC. Après 52 jours sans aucun cas, les équipes de surveillance et de réponse sur le terrain ont confirmé un nouveau cas", explique sur Twitter le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Avant d'ajouter que  "cela signifie que le gouvernement de la RDC ne pourra pas déclarer la fin de l'épidémie d'Ebola lundi, comme on l'espérait".

Un comité d'urgence "s'est réuni aujourd'hui par téléconférence pour déterminer si l'épidémie constituait toujours une urgence de santé publique de portée internationale", a également précisé l'OMS.

"Repartir pour 42 jours"

"Nous devons juste repartir pour 42 jours", a déclaré depuis Genève le directeur des urgences de l'OMS Michael Ryan.

La nouvelle victime serait décédée jeudi dans le territoire de Beni. "Les informations préliminaires montrent qu'il s'agit d'un homme de 26 ans", a indiqué l'équipe congolaise du comité de la riposte à l'épidémie dans un communiqué. "Nos équipes, en collaboration avec l'OMS, sont déjà sur le terrain pour approfondir les investigations et mettre en place les actions de santé publique", ajoute ce communiqué.

Mode de contamination, durée des symptômes, nombre de contacts, décès "communautaire" parmi ses proches ou à l'hôpital, enterrement sécurisé ou non: de nombreuses questions épidémiologiques restent officiellement en suspens autour de ce nouveau cas. Le territoire de Beni compte également au moins un cas de nouveau coronavirus, sur les 215 officiellement déclarés en RDC depuis le 10 mars, pour 20 décès.

"Faire marche arrière et repartir"

Le rebond d'Ebola à Beni est "peut-être" une leçon pour le Covid-19, a avancé le directeur des urgences de l'OMS: "Il n'y a pas de stratégie de sortie jusqu'à ce que vous ne contrôliez la situation. Vous devez toujours être prêt à faire marche arrière et à repartir".

Avec 2.273 décès, la dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais est la deuxième la plus grave depuis l'identification du virus de la fièvre hémorragique en 1976. L'épidémie a été déclarée urgence sanitaire de portée internationale en juillet dernier par l'OMS, qui redoutait sa propagation aux pays voisins (Rwanda et Ouganda).

Plus de 320.000 personnes ont reçu des doses de deux vaccins anti-Ebola utilisés à titre expérimental. Le travail des équipes de prise en charge a été compliquée par la violence des groupes armés présents dans cette partie du Nord-Kivu. Plusieurs personnels soignants ont été tués, dont un médecin camerounais de l'OMS il y a un an.

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