Sénégal : recrudescence de l'épidémie à l'approche de l'Aïd

Le Sénégal a fait face à une progression fulgurante du nombre de cas de Covid-19. Une nouvelle vague épidémique qui inquiète, à quelques jours des grandes célébrations de l'Aïd.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Le Sénégal lutte contre la deuxième vague de la pandémie (image d'illustration)
Le Sénégal lutte contre la deuxième vague de la pandémie (image d'illustration)

Les chiffres sont inquiétants. Le Sénégal a enregistré mercredi un nombre record de contaminations au Covid-19. Le ministère de la Santé a précisé que sur plus de 2.800 tests réalisés, 733 étaient revenus positifs, soit un taux de positivité de plus de 25%. Au cours de la dernière semaine, plus de 3.100 cas ont été enregistrés, faisant passer le nombre total de contaminations au dessus la barre des 47.500, pour 1.203 décès.

La moitié des cas proviennent de la région de Dakar. Cette progression "fulgurante" requiert une vigilance accrue, selon le président Macky Sall. Pourtant, aucune nouvelle restriction sanitaire n'a été annoncée, à quelques jours de la fête de l'Aïd. Lors d'un Conseil des ministres, le chef de l'Etat sénégalais a "insisté sur l'impératif de respecter les mesures barrières, le port systématique du masque, la limitation des rassemblements et déplacements au regard de la multiplication fulgurante, aux plans mondial, continental et national, des infections de Covid-19".

Appel à interdire les rassemblements

Le syndicat national des médecins (Sames) a appelé à "interdire tous les rassemblements religieux, culturels et politiques""Les services sont au bord de l'implosion, surtout à Dakar, et bientôt, ce sera quasi impossible de trouver une place pour les malades graves, qui sont de plus en plus jeunes", averti le syndicat médical. Macky Sall n'a cependant pas évoqué le retour du couvre-feu, de l'interdiction des déplacements entre les régions ou de celle des rassemblements. Ces restrictions, mises en place lors des deux précédentes vagues, ont été levées après des émeutes socio-politiques en mars.

"La menace d'une catastrophe sanitaire et sociale avec l'explosion de la pandémie de Covid-19 et le variant Delta n'a jamais été aussi imminente, à la veille de la fête de la tabaski. L'Etat doit prendre les mesures qui s'imposent immédiatement. La politique de l'autruche est irresponsable", a pour sa part tweeté Alioune Tine, une voix écoutée de la société civile, fondateur du centre de réflexion Afrikajom Center. Macky Sall a répondu en lançant un appel à la "mobilisation de l'ensemble du personnel de santé" et en demandant aux chefs religieux et coutumiers de participer à la "sensibilisation des populations".

Tout miser sur le vaccin

Le président a surtout prôné l'accélération de la campagne de vaccination, "avec l'acquisition de nouvelles doses par l'Etat", alors que de nombreux centres de santé font face à des pénuries et qu'une partie importante de la population rechigne à se faire vacciner. Le pays, qui compte environ 16 millions d'habitants, approche des 600.000 doses de vaccins injectées.

L'augmentation rapide des contaminations au Sénégal s'inscrit dans un rebond général en Afrique, qui "vient de vivre la semaine la plus désastreuse de l'histoire des pandémies sur le continent", selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui prévoit que "le pire reste à venir". Une crainte qui pourrait être précipité par les célébrations de la "tabaski", nom donné en Afrique de l'Ouest à la Fête du Sacrifice, l'Aïd al-Adha. Cet événement est, pour de très nombreux Sénégalais, l'occasion de voyager à travers le pays en empruntant généralement des bus et taxis collectifs bondés. Mais prendre de nouvelles mesures de restrictions risque d'être particulièrement impopulaires, faisant craindre de nouvelles émeutes comme celles de mars dernier.

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