Coronavirus : "Le risque est bien présent au Cameroun"

Alors que les mesures de prévention se multiplient au Cameroun pour éviter l'éventuelle arrivée du Covid-19, le Dr Victor Kame nous en dit plus sur les risques d'une épidémie de coronavirus au coeur de l'Afrique.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Pour le moment, aucun cas confirmé de coronavirus n'a été identifié au Cameroun (Illustration)
Pour le moment, aucun cas confirmé de coronavirus n'a été identifié au Cameroun (Illustration)

La situation est inquiétante ! Si pour le moment, aucun cas de coronavirus (Covid-19) n'a été enregistré au Cameroun, la psychose gagne le territoire comme un peu partout sur la planète de la Corée du Sud à l'Italie.

Pour en savoir plus sur les mesures de prévention et les risques encourus par le pays face à cette mystérieuse pneumonie virale, AlloDocteurs.Africa est parti à rencontre du Docteur Victor Kame, responsable du centre pour la prévention et la lutte contre les épidémies à Douala. Entretien avec un épidémiologiste qui se prépare à combattre un virus qui inquiète tout le continent africain. 

AlloDocteurs.Africa : à quel niveau se situe le risque de retrouver  le coronavirus au Cameroun ?

Dr Victor Kame, responsable du centre de Douala pour la prévention et la lutte contre les épidémies : Le risque est présent au Cameroun de deux façons. On dit que ce sont les chauves-souris et les pangolins qui transmettent le coronavirus et nous avons les deux espèces chez nous ! Cela veut dire que si le virus rentre chez nous, il peut passer également par ces deux vecteurs. Mais c’est un risque qui est très mineur ! Le risque majeur chez nous, c’est ce qu'on appelle "l’importation" d’un cas. C'est-à-dire un voyageur qui a été en contact ou qui vient d’une région où existe déjà l’épidémie et qui nous amènerait ça. Par rapport à notre lutte, notre prévention est donc axée sur tous ceux qui entrent au Cameroun aussi bien par voie terrestre et aérienne que maritime.

AlloDocteurs.Africa : Comment se présente votre dispositif sur le terrain ?

Dr V.K. : A l’heure où je vous parle, nous avons une caméra thermique au niveau de l’aéroport international de Douala, une autre au port autonome de Douala. Nous avons aussi plusieurs "thermo-flashs", des thermomètres électronique sans contact. Cela nous permettent de repérer un patient qui est au-dessus de 38 degrés, de le prendre en charge.... Cela nous amène à lui poser d’autres questions pour repérer toux, douleur à la gorge ou même une difficulté même à respirer. Nous utilisons aussi les fameuses solution hydro-alcooliques (NDLR : des produit intégrant de l'alcool) pour désinfecter les mains de tous les voyageurs qui entrent au Cameroun.

AlloDocteurs.Africa : Qu’avez-vous prévu pour le cas où vous tomberiez sur un cas suspect ?

Dr V.K. : Nous avons un dispositif qui est prêt. De l’aéroport jusqu’à l’hôpital Laquintinie de Douala où nous avons notre centre d’isolement. A l’aéroport international de Douala, vous pouvez voir - 24 heures sur 24 - une ambulance qui est stationnée sur place. A l’intérieur de cette ambulance, vous avez un chauffeur, un médecin et un infirmier.

Nous avons aussi un personnel à l’intérieur de l’aéroport qui est d’astreinte, de garde, 24 heures sur 24. Au niveau des services de la région, il y a aussi une équipe qui est d’astreinte comme c’est le cas pour moi aujourd’hui (NDLR : le 20 février 2020). Cette équipe est composée de gens qui vont faire l’investigation, pour savoir de quoi souffre vraiment cette personne et aider au transport de tout éventuel malade vers l’hôpital Laquintinie qui est prêt à une prise en charge 24 heures sur 24. Tout cela non pas parce que nous "souhaitons" avoir un cas mais parce que, si un cas arrive, nous puissions le contenir !

AlloDocteurs.Africa : Comment percevez-vous l’état d’esprit des habitants de la région ? Sont-ils sereins ?

Dr V.K.  : S’ils sont sereins, c’est que ce n’est pas normal ! Mais ils savent qu’il y a au Cameroun un système de santé  qui permet de contrôler toutes ces maladies et leur permet d’éviter beaucoup de choses. Ils savent que nous sommes là pour surveiller. Comme vous le savez la maladie à virus Ebola a été au Gabon et en République démocratique du Congo mais n’est jamais arrivée au Cameroun. Nous pensons que c’est parce que nous surveillons bien. Nous avons peut-être également eu de la chance mais nous sommes convaincus que nous surveillons bien. Il est normal qu’ils s’interrogent, se demandent s’il y a déjà un cas de patient atteint de coronavirus !

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Dr V.K.  : Ce qui est sûr c’est qu’il y a des choses qu’on ne peut pas cacher, qu’on n’a même pas de raisons de cacher ! Dès que nous avons un cas, le règlement sanitaire que le Cameroun a ratifié nous oblige à dire à la communauté internationale qu’est-ce que nous avons comme problème de santé.

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