Dania Ebongue : "L’obésité n’est jamais une bonne chose"

Le journaliste et blogueur camerounais, Dania Ebongue, a perdu 50 kilos en près de 8 mois. Il a accepté de nous en dire plus sur son combat contre les kilos superflus.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Une perte de poids importante et rapide peut avoir des conséquences négatives sur la santé (photo d'illustration)
Une perte de poids importante et rapide peut avoir des conséquences négatives sur la santé (photo d'illustration)

Dania Ebongue revient de loin. Le journaliste et blogueur camerounais a réussi le pari de perdre près de 50 kilos en un peu plus de 8 mois. Un combat qu’il raconte dans son documentaire intitulé “Pourquoi et comment j’ai perdu 50 kilogrammes", dont l'objectif est de sensibiliser sur les dangers de l’obésité. Mais prudence : une perte de poids importante et rapide peut avoir des conséquences négatives sur la santé ! C'est pour cela qu'il est recommandé de consulter un médecin avant de commencer un régime et il est important se faire accompagner. Entretien. 

Allodocteurs.africa : Comment vous sentez-vous dans votre nouveau corps ?

Dania Ebongue : Mieux. Je suis en meilleure santé, plus à l’aise, plus mobile et plus heureux forcément. Quand on pèse 153 kilogrammes, on ne peut que forcément mieux se sentir quand on en perd 50. 

A.D.A : Pourquoi avez-vous voulu perdre du poids ?

D.E : Je ne l’ai pas voulu nécessairement. Je me suis laissé aller à la prise du poids déjà. Je ne suis pas né avec ce poids-là. Je me suis laissé aller à la mauvaise hygiène de vie, à l’indiscipline et à un certain nombre de facteurs qui m’ont fait prendre des kilos. Donc j’avais du mal à les perdre parce que je n’avais pas la volonté. Par contre la volonté m’a été imposée parce que, je l’ai souvent dit, je sortais d’Egypte où je suis allé couvrir la Coupe d’Afrique des Nations 2019. Je ne sentais plus mon corps et je me suis retrouvé en train de vivre une situation de handicap où je n’arrivais pas à marcher. Et puis mes problèmes cardiovasculaires se sont accélérés. Alors ça a été le déclic. C’est ce déclic qui m’a obligé à prendre la décision de changer de mode de vie, d’alimentation, de régime.

A.D.A : La période de transition a-t-elle été une étape aisée pour vous ?    

D.E : Non, rien n’est facile parce que cela amène des sacrifices, des décisions fortes. Cela amène à ne pas manger à une certaine heure, à ne pas manger n’importe quoi, trier sa nourriture, faire de l’exercice. En fait, vous avez une nouvelle horloge, vous régulez votre vie différemment. Evidemment, la transition n’a pas été facile. Je me suis armé de courage et j’en suis fier.

A.D.A : De quoi avez-vous plus souffert au cours de cette période ? Combien de temps cela vous a-t-il pris de passer d’un état à un autre ?   

D.E : J’ai plus souffert de ma prise de poids que d’autres choses. Je n’appellerai pas la période au cours de laquelle j’ai fait le travail sur moi comme "période de souffrance". C’était plutôt une période de sacrifices. Ce n’est pas une période de souffrance parce qu’en réalité, je le faisais de bon cœur. Je le faisais parce que ça avait un impact positif sur moi, sur ma vie et sur les gens qui m’entouraient. Cela m’a pris 8 mois. Mais j’ai continué le régime car je me suis dit : “de toute façon, il faut le faire pour se maintenir“. Et moi je suis au stade de stabilisation. Donc ce qui hier était un sacrifice est devenu aujourd’hui, pour moi, un mode de vie.  J’avais l’habitude de manger après 20 heures, à 21 heures, 1 heure ou 2 heures du matin. Je mangeais souvent à 2 heures du matin parce qu’à ce moment-là, mon ventre a un creux. Maintenant, généralement je prends mon dernier repas de la journée à 19 heures. Exceptionnellement à 20 heures. Parce que parfois je suis invité à des mariages, des choses comme ça. En journée, je mange léger, beaucoup de légumes et de fruits, très peu de gras. Sinon pas du tout de gras. Ou du bon gras que l’on retrouve dans les avocats, l’huile d’olive par exemple.

ADA : Pourquoi avez-vous décidé de raconter votre combat contre les kilos superflus ?

D.E : Parce que je ne suis pas le seul. Parce que c’est une pandémie mondiale depuis 2016 selon l’OMS. Parce qu’on parle du Sida, du coronavirus, des hépatites, du cancer, mais on oublie que l’obésité entraîne d’autres maladies comme le diabète, les problèmes cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, les maladies du foie, les maladies du rein. Il faut faire attention à ce qu’on mange. Manger mal nous détruit. 80% des maladies du troisième âge sont causées par ce que nous mangeons. Peut-être qu’on ne le voit pas ! Aujourd’hui, beaucoup de gens meurent du diabète mais également de l’obésité. Même par rapport à la Covid-19, beaucoup de personnes sont mortes parce qu’elles étaient obèses ou en surpoids. L’obésité n’est jamais une bonne chose. C’est une question de santé publique. Et parce que c’est une question de santé publique, j’ai voulu rendre mon expérience publique. Simplement. C’est ma façon de contribuer à la lutte contre ce mal.  

A.D.A : Justement pourquoi un film ?

D.E : Je ne voyais pas autre chose. Les gens m’ont dit d’écrire. Soflane Kengne qui mène le même combat, qui est une consœur, a déjà écrit. Peut-être qu’elle se sent mieux à écrire. Ce n’est pas que je me sens mal à écrire, mais je voulais décrire  l'obésité de manière concrète à travers un film. Un film c’est 2 heures, mais ça part plus vite. Mais le livre, peut-être qu’il faut encore que les gens l’achètent, se l’approprient, que les gens aiment lire. J’ai pensé que le film documentaire était plus digeste et c’est ce que je fais.

A.D.A : Avez-vous des retours, des réactions, des résultats qui soient les conséquences de votre témoignage ?

D.E : Oui. Autour de moi il y a des gens qui ont suivi mon exemple. C’est pour eux que le film a été fait. Beaucoup de gens sont sortis des salles à Yaoundé et à Douala avec le déclic de changer de vie. Ça c’est déjà un bon résultat. Mais la promotion du film n’est pas achevée. Nous devons le projeter dans d’autres villes, dans d’autres pays. Nous avons juste mis une pause parce que nous avons d’autres dates que nous négocions. Et on espère que d’ici 6 mois-1 an, on aura fait la meilleure sensibilisation possible.

A.D.A : Comment jugez-vous la situation de l’obésité au Cameroun ?

D.E : Elle est un peu négligée. Quand je dis qu’elle est négligée, je crois qu’il y a un centre pour les personnes en surpoids à l’hôpital central de Yaoundé. Peut-être qu’elle existe ailleurs, mais j’ai vu que ça existe au Cameroun. J’ai vu que des nutritionnistes-diététiciens existent dans nos hôpitaux publics, mais généralement c’est dans les cabinets privés que les gens trouvent des solutions qui coûtent cher.  Or, mon objectif c’est qu’il faut que cela ne soit pas cher. Et le meilleur moyen pour que ce ne soit pas cher, c’est que les gens ne se retrouvent pas en train d’aller s’acheter des produits, des thés amincissants alors qu’ils peuvent le régler avec une simple alimentation saine. Et le jour où ils le comprendront, ils n’auront pas cette contrainte. Car le serment d’Hyppocrate dit : “que ton aliment soit ton médicament et que ton médicament soit ton aliment“. On soigne par les aliments et on guérit par les aliments. Le jour où on le comprendra et qu’on aura une meilleure discipline de vie, je crois qu’on sauvera plus de vies.  Vous voyez, dans les spots des télévisions françaises par exemple, chaque fois qu’on fait un spot sur un produit alimentaire, on vous dit : “évitez de manger, trop sucré, trop gras, trop salé, mangez cinq fruits et légumes par jour“. J’ajouterai : “faire du sport“. C’est cela la clé, c’est le secret. 

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