C'est quoi le mycétome, cette maladie tropicale négligée qui pèse sur l'Afrique ?

Très fréquent dans de nombreux pays africains, le mycétome est une maladie chronique dont les conséquences sont souvent graves.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Selon l'OMS, les personnes qui vivent dans les zones d’endémie ne doivent pas marcher pieds nus (photo d'illustration)
Selon l'OMS, les personnes qui vivent dans les zones d’endémie ne doivent pas marcher pieds nus (photo d'illustration)

C'est une infection très dangereuse ! Le mycétome est une maladie infectieuse chronique des tissus sous-cutanés, progressivement destructrice et affectant la peau, les muscles et les os. Provoqué par des bactéries ou des champignons, le mycétome est endémique dans de nombreux pays africains comme l'Ethiopie, la Mauritanie, le Sénégal, la Somalie, le Soudan et le Tchad. Généralement, cette maladie affecte surtout les jeunes, principalement des ouvriers agricoles ou des bergers, qui marchent souvent pieds nus.

Si cette maladie incurable mangeuse de chair n'est pas très mortelle (5% des cas), elle peut en revanche détruire la vie et le corps des personnes infectées, qui subissent amputations et malformations. Considéré comme l'une des maladies tropicales négligées (MTN) par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le mycétome prolifère dans la chaleur et l'humidité des climats tropicaux.

Une maladie méconnue

Selon l'OMS, "le mycétome se caractérise par l’association d’une masse sous-cutanée indolore, de multiples fistules et des écoulements avec la présence de grains". Il se propage en général à la peau, aux structures profondes et aux os, entraînant des destructions, des déformations et une perte de la fonction pouvant être mortelle. 

Mais du fait de sa lente évolution, de son caractère indolore, du manque important d’information et de la rareté des établissements médicaux et des structures de santé dans les zones d’endémies, de nombreux patients se présentent à un stade tardif et avancé de l’infection, lorsque le seul traitement restant est l’amputation. C'est le calvaire vécu par Khadija Ahmad. Cette Soudanaise de 45 ans plantait des oignons au Darfour quand elle a marché sur une épine, qui a traversé sa sandale. Elle n'y a pas pris garde jusqu'à ce que son pied gonfle et qu'apparaissent des fistules. 

Un hôpital pour une quarantaine de pays

"Au début, je ne souffrais pas. Juste une grosseur. On a pensé que cela passerait mais le mal a empiré", raconte-t-elle, lors d'une récente visite au Mycetoma Research Center à Khartoum, où ses enfants n'ont jamais pu l'amener, forcés de travailler aux champs. Avant d'ajouter "j'ai attendu neuf ans avant de venir. A mon arrivée, c'était trop tard. Il a fallu m'amputer", tout en tenant sa prothèse rudimentaire tandis qu'un médecin examine sa jambe gauche amputée pour lui administrer des médicaments qu'elle devra prendre à vie.

Dans l'hôpital ultramoderne du MRC, 30 médecins traitent 400 patients par semaine dont 5% viennent de la "ceinture du mycétome", c'est-à-dire une quarantaine de pays des zones tropicales ou subtropicales (Ethiopie, Inde, Mexique, Venezuela, Sénégal, Tchad, etc).

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