Pourquoi la lèpre sévit toujours en Afrique ?

Maladie millénaire, la lèpre sévit toujours dans certains pays d'Afrique.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Maladie millénaire, la lèpre se conjugue toujours au présent en Afrique
Maladie millénaire, la lèpre se conjugue toujours au présent en Afrique

Elle est toujours d'actualité ! Contrairement à une certaine croyance encore trop répandue, la lèpre existe toujours. Classée par l’OMS comme une maladie tropicale négligée depuis les années 2000, ce mal causé par une bactérie (le bacille de Hansen) fait des ravages en Afrique et dans certains pays d'Asie. Car la lèpre déforme, mutile et invalide la plupart des personnes atteintes. 

A l'ère du coronavirus, on a sans doute tendance à oublier celles et ceux qui sont touchés par cette maladie. Mais chaque année, on enregistre près de 200.000 cas dans le monde, soit un nouveau cas toutes les 3 minutes. Et l'OMS estime qu'il existe aujourd'hui près de 3 millions de lépreux (nom des personnes atteintes par la lèpre) dans le monde. Des chiffres alarmants, qui justifient que le dernier week-end du mois de janvier soit, depuis 1954, le rendez-vous incontournable contre cette maladie infectieuse. 

Un dépistage difficile

Maladie millénaire, la lèpre ne fait pas encore partie du passé. Dans la plupart des pays d'Afrique, elle se conjugue au présent. Certes, de nombreux pays du continent ont atteint le seuil d’élimination de la lèpre, mais ils ne l'ont pas éradiquée. La situation est même inquiétante au Bénin, en République Centrafricaine, en Tanzanie, à Madagascar et en Angola. Mais c'est la République démocratique du Congo et le Mozambique qui sont les plus durement touchés : ils font partie des pays qui comptent, à eux seuls, au moins 80% de la prévalence mondiale.

Pour casser la chaîne de la transmission de la lèpre, tous les contacts doivent être dépistés dès l'identification d'un cas, comme avec le Covid-19. Un dépistage qui nécessite des moyens médicaux et sanitaires dont de peu de pays africains disposent. Mais ce n'est pas tout... le temps d'incubation de cette maladie contagieuse est très lent : il varie entre 5 et 20 ans. Cela veut dire que le temps entre le moment où on est en contact avec la maladie et celui ou elle commence à nous "attaquer" est de plusieurs années. Résultat, les porteurs asymptomatiques, c'est-à-dire les personnes qui ne présentent aucun signe de la lèpre, peuvent transmettre la maladie sans le savoir. 

Aucun vaccin

Pourtant, la lèpre est guérissable. S'il n'existe à ce jour aucun vaccin, un traitement combinant trois antibiotiques (Dapsone, Rifampicine et Clofazimine), appelé polychimiothérapie (PCT) et recommandé par l'OMS depuis 1981, permet de soigner les différentes formes de la maladie.

Maintenant qu'un traitement existe, encore faut-il que les personnes atteintes par cette maladie y aient rapidement accès. C'est pour cela que les ONG investies dans la lutte contre la lèpre, à l'image de la Fondation Raoul Follereau ou l'Ordre de Malte, insistent sur l'amélioration du dépistage précoce. Un combat loin d'être facile, à l'heure où la plupart des lépreux en Afrique préfèrent recourir à la médecine traditionnelle... 

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