Maroc : en milieu rural, les écoles sans sanitaires sont monnaie courante

En 2021, l'idée que des écoles n'aient pas de toilettes pourraient en choquer beaucoup. Pourtant au Maroc, c’est monnaie courante, notamment dans le milieu rural. Une situation d’autant plus dérangeante pour les petites filles.

Sabrina El Faïz
Rédigé le , mis à jour le
Les toilettes Sanilab
Les toilettes Sanilab

Le décrochage scolaire en milieu rural est un fait. Les raisons de ces décrochages sont multiples, mais l'une des plus choquantes demeure le manque de sanitaires décents dans les écoles en milieu rural. Sur les 13.000 écoles situées en zone rurale, pas moins de 4.000 établissements disent ne pas avoir de vraies toilettes au sein de leurs locaux.

Ces chiffres ressortent d’une déclaration du ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaïd Amzazi. Cette problématique explique, entre autres, le décrochage scolaire des petites filles, trop souvent gênées de ne pas avoir de lieux sanitaires dignes de ce nom, propres et sécurisés.

Réseau d'assainissement défaillant 

Le ministre a tenté d’expliquer cette situation par deux raisons. La première, et la plus attendue, étant le faible budget alloué aux écoles, et à l'installation d'équipements sanitaires modernes. Selon Saaïd Amzazi, le budget de l'année ne permettra l'installation que de 331 équipements sanitaires, alors que 4.000 écoles ont besoin d'être équipées en urgence ! L'absence de sanitaires contribue à véhiculer des maladies comme la dysenterie, la poliomyélite ou encore la typhoïde.

Le second frein à l'installation de ces équipement est d’autant plus problématique. Actuellement, les établissements qui ne disposent pas de toilettes dignes de ce nom ne seraient même pas reliés à un réseau d’assainissement et d’eau potable. Le ministère de tutelle doit, de ce fait, attendre l’intervention des collectivités locales et communes avant même de pouvoir planifier l’installation de sanitaires convenables... Autant dire que cela peut prendre des années. 

Des progrès malgré tout

En dépit de cette désolante situation, le Maroc a enregistré un recul de l’abandon scolaire. Le décrochage scolaire est passé de 2,7% à 2,1% entre 2019 à 2020, pour l’enseignement primaire. C’est au niveau du secondaire que le taux de défections reste le plus élevé, avec 10,4% d’abandon. Ce sont souvent les filles qui sont contraintes d'abandonner l'école, notamment lorsqu'elles commencent à avoir leurs règles. 

L'absence de sanitaires propres, mais aussi de protections hygiéniques les poussent à rester chez elle le temps de leurs règles. Elles sont aussi plus à risque d'être agressées lorsqu'elles sont contraintes d'utiliser des sanitaires hors des locaux de l'école. Pour tenter de corriger cette situation et éviter l’abandon scolaire, notamment dans le rural, le nombre d’internats, mieux équipés, a été augmenté. Il existe actuellement 924 établissements, dont 575 en zone rurale. C'est un progrès, mais pour assurer à tous un parcours scolaire en toute dignité, le Maroc doit continuer de lutter pour l'accès à des sanitaires dignes de ce nom. 

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