Au Cameroun, la campagne anti-polio fait peur aux parents

A Douala, les agents de santé chargés de vacciner les enfants contre la polio se sont heurtés au refus catégorique de certains parents. Allodocteurs Africa vous en dit plus.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Un vaccinateur fournit à une jeune fille un vaccin oral contre la polio dans l'État de Kano, au Nigeria, en 2020
Un vaccinateur fournit à une jeune fille un vaccin oral contre la polio dans l'État de Kano, au Nigeria, en 2020

En ce dimanche 11 octobre, à Logbaba, dans un quartier du 3ème arrondissement de la ville de Douala, une équipe de vaccinateurs venus de l’hôpital de district se déploie dans des lieux de culte. Leur objectif est costaud : vacciner le maximum de personnes contre la poliomyélite, en marge des Journées Locales de vaccination (JLV) de riposte au poliovirus circulant de type 2. 

Car même si le Cameroun, tout comme le reste des pays africains, est exempt du poliovirus sauvage, cela ne veut pas dire que d'autres formes du poliovirus ne circulent pas sur le sol camerounais. A l'heure où ces lignes sont écrites, certains pays du continent ont déjà signalé de nouveaux cas de poliomyélite. Mais la tâche des vaccinateurs est loin d'être facile : que ce soit à l'église, à la chapelle catholique ou au temple protestant, les agents de santé se sont heurtés au refus catégorique de plusieurs personnes.

Des vaccins indésirables

Alors que leur arrivée à la chapelle n'a pas été annoncé, de nombreux fidèles ont ignoré leur présence. Seuls deux enfants ont pu y être vaccinés.  Même son de cloche du côté des deux jeunes filles qui étaient en charge de la vaccination contre la polio devant l’église presbytérienne. “Des femmes nous ont interdit d’approcher leurs enfants alors que nous tentions de leur faire prendre le vaccin“, nous confient-elles. Pourtant, la contamination au virus responsable de la poliomyélite (qu'on appelle aussi polio) est "le fait d'un manque de couverture vaccinale, ce n'est pas vraiment un effet secondaire de la vaccination", estime Oliver Rosenbauer, porte-parole de l’Initiative mondiale d'éradication mondiale de la polio (GPEI). 

Cette situation rappelle aux agents de santé les difficultés éprouvées lors du début de cette campagne. “Nous sommes arrivés dans des ménages où les parents étaient réticents. Certains d'entre eux disaient qu’ils ne pouvaient pas faire vacciner leurs enfants parce qu’ils craignaient que ce soient des produits à coronavirus que l’on venait faire avaler à leurs enfants", explique Léonie, une agent de santé qui a été obligée de poursuivre sa tâche au-delà des dates retenues pour la campagne anti-polio organisée dans 6 régions du Cameroun. Initialement prévue du 9 au 11 octobre, la campagne a été prolongée de deux jours pour vacciner le plus grand nombre d’enfants scolarisés.

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