Coronavirus en Tunisie : les vaccins de la discorde !

Alors que la campagne de vaccination contre le coronavirus n'a toujours pas démarré en Tunisie, la réception de 1.000 doses offertes par les Emirats Arabes Unis fait couler beaucoup d'encre.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
La Tunisie multiplie ses efforts pour avoir rapidement un vaccin contre le coronavirus (Illustration)
La Tunisie multiplie ses efforts pour avoir rapidement un vaccin contre le coronavirus (Illustration)

La situation est tendue ! La (non-)campagne de vaccination contre le coronavirus en Tunisie s'est invitée dans le bras de fer entre la présidence et le Premier ministre, le second décrétant l'ouverture d'une enquête après l'annonce par la première de la réception de 1.000 doses offertes par les Emirats.

Après des fuites, la présidence a confirmé lundi avoir reçu 1.000 doses de vaccin, mises à disposition des services de santé militaire, chargés de les distribuer en priorité au personnel soignant. La présidence a indiqué qu'il s'agissait d'un "cadeau" de la part des Emirats arabes unis. Le gouvernement, assurant n'être au courant de rien, a annoncé "une enquête immédiate sur les circonstances de l'arrivée de ces vaccins, leur gestion et leur distribution".

Une campagne en retard

Dans ce contexte de tensions politiques, la Tunisie n'a toujours pas entamé sa campagne de vaccination anti-Covid, contrairement aux voisins algériens et marocains qui l'ont entamée fin janvier. Initialement annoncée pour la mi-février en Tunisie, l'opération massive de vaccination a été retardée par des difficultés d'approvisionnement.

Alors que la Tunisie a changé trois fois de ministre de la Santé depuis le début de la pandémie, des commentateurs pointent également du doigt les querelles politiques qui entravent les décisions et la coordination des pouvoirs, en pleine crise sociale et sanitaire. L'exécutif se déchire sur un remaniement, décidé pour assurer au gouvernement le soutien des partis majoritaires au Parlement mais refusé par le président Kais Saied, un farouche indépendant, en raison notamment de soupçons de conflits d'intérêt pesant sur certains ministres. 

La polémique sur les vaccins a débuté après l'annonce de leur arrivée par des élus sur les réseaux sociaux, alors qu'officiellement, le pays attend toujours ses premières doses du programme mondial d'aide Covax, destiné aux pays les plus pauvres. Aux dernières nouvelles, la campagne commencera finalement en mars. La semaine dernière, Pékin s'est engagé offrir à la Tunisie 100.000 doses dans les jours à venir, dès que la logistique le permettrait. Après un pic en janvier, la Tunisie enregistre toujours plusieurs dizaines de morts chaque jour. Quelque 233.277 cas de Covid-19 ont été recensés dans le pays, dont au moins 8.000 décès.

Rumeurs 

Le député indépendant Yassine Ayari a indiqué sur Facebook avoir été informé "il y a quelques jours" de l'arrivée de ces doses par des diplomates. La commission scientifique, entendue lundi au Parlement, a indiqué qu'elle n'était pas au courant de l'arrivée des vaccins. Contactés, ni la présidence ni le ministère de la Défense n'ont été en mesure de donner des détails sur le type de vaccin ni sur la date précise de l'arrivée de la cargaison.

Signe de la défiance de la population envers la classe politique, des rumeurs selon lesquelles certains parlementaires auraient déjà été vaccinés circulent. "Le chef de l'Etat Kais Saied a refusé de se faire vacciner" et "aucun membre de sa famille" ni aucun "fonctionnaire à la présidence" n'a bénéficié du vaccin, a souligné Rym Kacem, responsable de la communication au palais de Carthage. Dans un communiqué publié lundi, le Parlement a démenti avoir reçu des vaccins "de quiconque", ajoutant être engagé à respecter la stratégie nationale, qui prévoit de réserver les première doses au personnel soignant. 

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