Les criquets pèlerins prennent d’assaut l’Afrique de l’Est

La région fait actuellement face à la pire invasion de criquets pèlerins depuis 25 ans. Trois pays sont durement touchés :  l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie qui a déclaré l’urgence nationale.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Voilà un élevage de criquets pèlerins (Illustration)
Voilà un élevage de criquets pèlerins (Illustration)

Imaginez un peu : 200 milliards d’insectes qui s'abattent sur une région. Des essaims de criquets d’une ampleur historique dévastent depuis plusieurs semaines de larges zones d’Afrique de l’Est, à la suite de variations climatiques extrêmes qui pourraient s’avérer catastrophiques pour une région déjà frappée par une sécheresse et des inondations.

Ces criquets se déplacent en essaim, des groupes de plusieurs millions d’individus, qui peuvent s’étendre sur des centaines de km2 ! les conséquences sont parfois terribles pour les populations : ils  peuvent ravager des cultures entières en quelques heures et provoquer des famines.

400 000 tonnes de nourriture 

L’Ethiopie et la Somalie n’avaient rien vu d’une telle ampleur depuis 25 ans, la Somalie depuis 70 ans. Leur apparition fait suite aux nombreuses pluies, conditions idéales à leur reproduction. Leur durée de vie, d’au maximum 6 mois, est très courte mais les femelles peuvent pondre jusqu’à 300 œufs !

Les criquets mangent l’équivalent de leur propre poids (2g) soit un total de 400 000 tonnes de nourriture ce qui correspond aux besoins alimentaires de 90 millions de personnes en un jour. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a estimé qu’un seul des essaims couvrait une surface égale à un quart de la Gambie, soit 2.400 km2. 

Une situation d’urgence mondiale

Au Kenya, l’équivalent de 131 terrains de football ont été infestés et 70 000 hectares ont disparu. Si aucune mesure n’est prise, leur nombre pourrait encore être multiplié par 500 en seulement 4 mois. Ils menacent la sécurité alimentaire de plusieurs pays faisant partie des plus pauvres du monde, voire de l’ensemble du continent.

De leur côté, les autorités somaliennes ont déclaré l’urgence nationale en espérant pouvoir recueillir les 70 millions de dollars évalués par l’ONU pour pulvériser de manière préventive dans l’air des pesticides, et éliminer les criquets lorsqu’ils sont au stade de nymphe, seule solution possible pour empêcher leur propagation. Le Kenya a déjà commencé à adopter cette stratégie mais sans être imité par ses voisins. Seule une action et une coordination régionale permettrait de mettre un terme à ce cauchemar pour les populations.

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