Patient zéro, le spectre du massacre de Womey... en Guinée, la difficile lutte contre le virus Ebola

Entre les réticences de la population à se faire vacciner et l'origine de cette nouvelle épidémie d'Ebola, la Guinée craint le pire.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le
Il n'y a plus aucun cas d'Ebola en République démocratique du Congo (Illustration)
Il n'y a plus aucun cas d'Ebola en République démocratique du Congo (Illustration)

La situation est compliquée ! Depuis la mort de l'infirmière à Gouéké le 13 février dernier, qui marque la résurgence de la maladie à virus Ebola (MVE), les cas se multiplient. A ce stade, l'épidémie a déjà coûté la vie à 12 personnes en Guinée. Certes, la campagne de vaccination anti-Ebola a rapidement été lancée. Mais le pays ne pourra pas se débarrasser de cette maladie "en six semaines", comme l'espérait le ministre de la Santé, le général Rémy Lamah. Car dans le même temps, les populations sont souvent réticentes à se faire vacciner. 

Si certains Guinéens n'hésitent pas à opter pour la piqûre salvatrice, beaucoup d'autres sont dans le déni et refusent de se plier aux injonctions sanitaires telles que l'abandon des rites funéraires, la limitation de la consommation de viande de brousse ou la priorisation des personnes à vacciner. De quoi compliquer la lutte contre le virus Ebola, à l'heure où les personnels de santé ne sont pas toujours les bienvenues dans certaines localités durement touchées par cette terrible maladie. 

Un patient zéro qui fait craindre le pire

Depuis le 1er avril, les femmes âgées du village, traditionnellement chargées des rites funéraires, refusent de laisser approcher les acteurs mobilisés pour stopper les possibles contagions, isoler et traiter les malades et effectuer les vaccinations, a expliqué le sous-préfet de la région, Rodrigue Kolié. Selon les coutumes, en se dénudant partiellement, les femmes soulignent la gravité de la situation et empêchent les hommes d'approcher.

Alors que la campagne de vaccination contre Ebola a démarré à Gouecke, à quelques kilomètres du village de Womey, là où une délégation d'officiels guinéens, de personnel de santé et de journalistes a été tuée lors d'une mission de prévention en 2014. A l'époque, la Guinée faisait face à la plus grave épidémie d'Ebola de son histoire. Une époque lointaine qui est toujours dans les esprits, surtout depuis que les chercheurs estiment qu'une personne guérie de la maladie lors de la précédente épidémie de 2013-2016 est à l'origine du retour de ce ce mal aujourd'hui. C'est en tout cas ce que révèlent trois rapports indépendants publiés en mars 2021. Mais le fait qu'Ebola fasse son retour à partir d’un survivant n'est pas sans risque, vu la stigmatisation que subissent les anciens malades. Plus que jamais.

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !