Nyiragongo : les autorités craignent une catastrophe majeure

Le volcan Nyiragongo continue de menacer la ville de Goma. Depuis l'éruption de samedi, le stratovolcan continue de gronder et des séismes secouent la ville, faisant craindre une nouvelle éruption imminente. Les autorités ont ordonné l'évacuation de la ville.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Le volcan Nyoragongo menace la ville de Goma (Image d'illustration, crédit photo Ben Houdijk)
Le volcan Nyoragongo menace la ville de Goma (Image d'illustration, crédit photo Ben Houdijk)

On craint une catastrophe majeure. Le volcan Nyiragongo, qui domine la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), est en éruption depuis samedi dernier. Après avoir craché deux coulées de lave qui s'étaient arrêtées aux abords de la ville, il semblait s'être apaisé. Mais les grondements et les secousses sismiques ne s'arrêtent pas, faisant craindre le pire aux autorités. 

"Les données actuelles de la sismicité et de la déformation du sol indiquent la présence de magma sous la zone urbaine de Goma, avec une extension sous le lac Kivu", a déclaré à l'aube, dans une adresse à la population sur les médias locaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général Constant Ndima. "On ne peut actuellement pas exclure une éruption à terre ou sous le lac (Kivu) qui pourrait advenir sous très peu, voire sans aucun signe précurseur", a-t-il expliqué, avant d'ordonner l'évacuation immédiate de dix quartiers de la ville.

"Tout le monde fuit"

Des dizaines de milliers de personnes ont donc commencé à quitter la ville ce jeudi, pour se réfugier vers la localité de Sake, à l'ouest de Goma et la frontière rwandaise toute proche. "C'est la peur, c'est la panique, tout le monde fuit", explique un habitant. "La situation est compliquée, il vaut mieux quitter la ville car personne ne semble maîtriser", raconte une autre habitante, en pleine fuite elle aussi. "Nous avons peur, à tout moment le volcan peut surgir dans chaque endroit sans choisir. Il vaut mieux partir". "Les gens doivent emporter le seul minimum, pour donner la chance à tout le monde d'embarquer après avoir pris soin de fermer leurs maisons", a ordonné le gouverneur, lançant un inquiétant "Dieu nous garde!"

Les rues dans la partie sud de Goma ont été immédiatement envahies et embouteillées, des gens allant à pied, en trottinant ou en courant, portant des matelas, des sacs de sport ou quelques maigres biens dans des sacs plastiques, donnant la main à des enfants apeurés. Après de longues heures de chaos, un calme relatif était revenu dans les rues désormais désertés de la ville, qui compte plus de 670.000 habitants.

Eruption limnique

En plus de coulées de lave dans la ville ou d'une éruption au sol, il existe des risques supplémentaires "liés à l'interaction entre la lave et l'eau" du lac, a mis en garde le gouverneur, évoquant clairement le scénario catastrophe, bien connu et identifié pour le lac Kivu, d'un risque de déstabilisation du gaz sous le lac. Les spécialistes parlent d'éruption limnique. "Ces risques sont de plusieurs natures", a-t-il énuméré : "interaction du magma avec l'eau du lac, déstabilisation du volume de gaz dissous sous le lac Kivu et émission de gaz en surface potentiellement dangereux".

"La situation peut changer rapidement, elle est sous surveillance constante", et en "prévision de cette éventuelle catastrophe, l'évacuation est obligatoire" a insisté  le général Ndima. À ce jour, le bilan est de 32 morts depuis l'éruption samedi. Entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites. L'eau courante a été coupée et une grande partie de la cité n'est plus alimentée en électricité. L'accès à l'eau potable est un souci majeur, aggravé par des poussières et cendres toxiques qui se mélangent aux eaux de pluie. Le pays tout entier est en alerte, guettant la prochaine colère du Nyiragongo. 

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