Coronavirus : L'Afrique du Sud veut fabriquer ses propres vaccins

L'Afrique du Sud va se doter d'un centre de transfert de technologie pour les vaccins anti-Covid à ARN messager, la première étape pour permettre l'ouverture d'un centre africain de production de vaccin.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
L'Afrique du Sud veut fabriquer ses propres vaccins (Image d'illustration)
L'Afrique du Sud veut fabriquer ses propres vaccins (Image d'illustration)

L'Afrique va produire ses propres vaccins ! Cyril Ramaphosa a annoncé que l'Afrique du Sud allait commencer le processus pour doter le continent d'une capacité de production de vaccins anti-Covid. Mais il faudra du temps pour concrétiser le projet, et en attendant "les gens continuent de mourir", a mis en garde le président sud-africain.

Pour Cyril Ramaphosa, fer de lance du combat pour la levée temporaire de la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid et pourfendeur de l'inégalité vaccinale, "on voit bien qu'on ne peut pas compter sur les vaccins qui sont fabriqués en dehors de l'Afrique parce qu'ils ne viennent jamais. Ils n'arrivent jamais à temps et les gens continuent de mourir". 

L'Afrique du Sud marquée par le Covid

Cyril Ramaphosa ne s'est pas trouvé à la tête de cette initiative par hasard. Son pays représente 35% du total des cas de Covid-19 enregistrés en Afrique, et souffre actuellement d'une troisième vague d'infections. Comme d'autres pays en développement, il voit les vaccins aller dans les pays riches ou dans les pays qui, comme l'Inde, les produisent à grande échelle.

Seulement 2% de la population du continent africain a eu au moins une dose jusqu'à présent, a affirmé le président Ramaphosa lors d'une conférence de presse avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), quand les Etats-Unis ou l'Europe visent les 70% de la population totalement immunisée dans les mois qui viennent.

Rétablir l'équilibre

La création d'un site de production de vaccin sur le continent africain doit, à terme, palier ce déséquilibre. La première étape de ce projet au long cours est de mettre en place un "centre de transfert de technologie" pour les vaccins à ARN messager, qui se sont révélés extrêmement efficaces contre le Covid, à l'instar des sérums de Pfizer-BioNTech ou Moderna. Ces vaccins semblent aussi plus facilement adaptables aux nouveaux variants que d'autres vaccins de technologie différente. 

"Ce pôle de technologie permettra une réponse rapide pour le développement de nouveaux vaccins, que ce soit pour les variants du Covid-19 ou de futurs pathogènes sur le continent africain et au bénéfice du monde entier", a affirmé le président français Emmanuel Macron, saluant l'annonce de son homologue sud-africain. Il s'était engagé, outre le don de vaccins, à aider l'Afrique à mettre sur pied sa propre capacité de production. 

Former les acteurs locaux

Le projet est porté par un consortium sud-africain composé des sociétés de biotechnologies Biovac et Afrigen Biologics and Vaccines, d'un réseau d'universités et des Centres africains de contrôle des maladies. L'OMS a déjà mis en place de tels centres dans le but de stimuler la production mondiale de vaccins contre la grippe. Ces centres fournissent un savoir-faire et une formation aux fabricants locaux, où la technologie enseignée est disponible à une échelle industrielle. 

Les fabricants de pays à faible et moyen revenu qui sont intéressés peuvent y trouver la formation et les licences nécessaires. L'OMS et ses partenaires apportent leur savoir-faire en matière de production, de contrôle qualité et les droits de propriété intellectuelle pour accélérer la diffusion des technologies. "C'est une étape importante qui va donner des résultats à moyen terme", explique le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui espère que le site sera opérationnel sous 9 à 12 mois. "À court terme, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour augmenter la production et la distribution équitable de vaccins à travers Covax". Car tant que l'immunité collective ne sera pas atteinte, l'Afrique tout entière risque de subir de plein fouet une nouvelle vague épidémique. 

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