“Avec la culture de la résilience, les Sénégalaises acceptent souvent les violences conjugales”

L’ONG Réseau Siggil Jigéen tire la sonnette d’alarme. Avec la Covid-19,  les violences faites aux femmes sont en augmentation au Sénégal.

Kadiatou Sakho
Rédigé le , mis à jour le
Augmentation des violences faites aux femmes au Sénégal avec la pandémie du Covid-19 ( illustration)
Augmentation des violences faites aux femmes au Sénégal avec la pandémie du Covid-19 ( illustration)

Des observations qui inquiètent. Le Réseau Siggil Jigéen a constaté comme d’autres organisations, une augmentation des violences envers les femmes au sein des foyers au Sénégal depuis l’arrivée du Covid-19. Ce réseau, qui regroupe dix-huit organisations, contribue depuis sa création, il y a plus de 25 ans, à la promotion et la protection des droits des femmes sur le territoire sénégalais. Fatou Touré Thiam, une de ses responsables, détaille pour AlloDocteurs.Africa ce phénomène alarmant. 

AlloDocteurs.Africa : Avez-vous constaté une hausse des violences depuis la mise en place de l'état d’urgence sanitaire dans le pays ? 

Fatou Touré Thiam, chargée du plaidoyer au sein du Réseau Siggil Jigéen :  Oui,  les violences physiques et morales ont augmenté, même si on a pas encore de chiffres ou d’études là-dessus.... Avant même la Covid-19, les violences faisaient partie des maux des femmes au Sénégal. Avec l’état d’urgence, le travail s’est arrêté, l’économie informelle a basculé dans le néant, il y a eu un arrêt de l’économie  et une paupérisation des ménages…. Souvent, au Sénégal, on peut être nombreux au sein d’un petit appartement, cela favorise les violences au sein des foyers. 

A.D.A : Quels sont les types de violences qui ont été le plus signalé ? 

Fatou Touré Thiam : Les femmes viennent nous voir plus souvent pour des violences physiques que morales. Mais je sais qu’au Sénégal, les violences physiques sont souvent précédées par des violences morales ! On dit que dans les ménages, c’est l’homme qui domine, c’est culturel. Les Sénégalaises ont souvent la culture de la résilience, du coup, elles acceptent souvent ces violences sans rien dire. À chaque fois qu’elles viennent nous voir, ça veut dire qu’elles en ont vraiment marre !

A.D.A : Qu’a-t-on mis en place au niveau local pour venir en aide aux femmes pendant cette période ?  

Fatou Touré Thiam : Nous avons accompagné le ministère de la santé dans “l’effort de guerre”, comme on le dit souvent : 

- À Dakar, nous avons formé plus de cinquante de nos jeunes qui ont fait du porte-à-porte pour sensibiliser les femmes et distribuer des kits de protection contre la Covid-19. Les jeunes donnaient des conseils pour se protéger et également des messages de paix, de solidarité et de tolérance pour réduire au maximum les violences.

- Dans les autres régions du Sénégal, des associations qui font partie de notre réseau se sont aussi mobilisées.

A.D.A : L’état d’urgence sanitaire a pris fin le 29 juin. Est-ce qu’il y a toujours une hausse des violences en ce moment ?

Fatou Touré Thiam : Oui, les violences continuent d’augmenter…. Même si on est plus sous l’état d’urgence, nous avons toujours une crise économique et sanitaire qui entretient les violences basées sur le genre. Si l’on ajoute à ça les problèmes d’accès à l’eau et à l’électricité qui sont une source de tension dans les foyers, tout cela forme un terreau pour les violences au Sénégal !

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