Vaccin Johnson & Johnson : coup d'arrêt en Afrique du Sud

Pays africain le plus touché par l'épidémie de Covid-19, l'Afrique du Sud s'apprête à se séparer de deux millions de vaccins Johnson & Johnson (J&J), en raison d'"un problème de non conformité" lors de sa fabrication aux Etats-Unis.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le
L'Afrique du Sud est le premier pays à recourir au vaccin Johnson&Johnson (Image d'illustration)
L'Afrique du Sud est le premier pays à recourir au vaccin Johnson&Johnson (Image d'illustration)

Bis repetita. A la traîne dans la vaccination, l'Afrique du Sud ne cesse de prendre du retard. Après avoir renoncé il y a quelques mois aux vaccins AstraZeneca, le pays africain le plus touché par l'épidémie de Covid-19 a annoncé retirer deux millions de vaccins Johnson & Johnson (J&J). L'agence sud-africaine du médicament (Sahpra) a indiqué dans un communiqué avoir "pris la décision de ne pas distribuer les vaccins produits à partir de lots de composants médicamenteux non appropriés".

Cette annonce intervient quelques jours après que les autorités américaines aient annoncé que "plusieurs lots", soit plusieurs millions de doses, fabriqués à Baltimore aux Etats-Unis et dont la production avait dû être stoppée il y a plusieurs semaines, devront être jetés. Des tests avaient révélé que des composants du vaccin britannique AstraZeneca, fabriqué dans la même usine, avaient été mélangés par erreur à la formule de J&J.  La ministre de la Santé sud-africaine, Mmamoloko Kubayi-Ngubane, avait précisé samedi que les deux lots concernés représentent "2 millions de doses" et sont actuellement stockés dans un laboratoire de haute technologie à Port Elizabeth (Sud). Rappelons que le géant sud-africain de la pharmacie, Aspen, importe les composants du vaccin J&J sur ce site et les conditionne sur place. 

"Apartheid vaccinal"

"Nous avions placé beaucoup d'espoir sur J&J dans notre plan de vaccination car c'est un vaccin à dose unique", a reconnu le président Cyril Ramaphosa depuis le sommet du G7 en Angleterre, lors d'une conférence de presse. Devant les dirigeants des sept pays les plus riches, Cyril Ramaphosa a notamment réitéré sa demande de suspendre temporairement les brevets sur les vaccins anti-Covid, afin de permettre à chaque pays de produire des versions génériques à faible coût. 

"Si l'objectif est bien celui sur lequel nous nous somme mis d'accord, qui est de vacciner le monde, alors nous devons rendre les vaccins disponibles", a-t-il martelé devant la presse. Avant d'ajouter que "nous ne pouvons pas vacciner le Nord et laisser le Sud", tout en dénonçant à plusieurs reprises un "apartheid vaccinal" favorisant les pays riches.  

L'Afrique du Sud compte sur la livraison de 31 millions de doses du vaccin J&J pour immuniser sa population de 59 millions. Le pays a réussi à obtenir 30 millions de doses de Pfizer, mais ce vaccin à deux injections nécessite d'être conservé à très basse température. Une nouvelle livraison de 300.000 vaccins J&J "approuvés" doit arriver mardi, ont affirmé les autorités sud-africaines. 

En retard par rapport au reste du monde, l'Afrique du Sud n'a vacciné qu'un peu plus d'1% de sa population, sa campagne d'immunisation des personnes âgées n'a démarré que fin mai. Pays africain officiellement le plus touché, l'Afrique du Sud compte plus de 1,7 million de cas, dont près de 58.000 décès. Plus de 9.300 nouvelles infections ont été recensées ces dernières 24 heures. 

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !