Ebola en Guinée : le blocus d'un village menacé par Ebola est enfin levé

Un village guinéen qui s'opposait à la vaccinatiion contre la fièvre hémorragique Ebola a levé les barricades. Un exemple de plus que la résistance à la vaccination a la vie dure en Afrique.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Un travailleur de la santé est désinfecté à Conakry, en Guinée, lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2015
Un travailleur de la santé est désinfecté à Conakry, en Guinée, lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2015

La lutte contre Ebola reprend ! La campagne de vaccination contre la fièvre hémorragique Ebola a repris à Kpaghalaye, un village du sud de la Guinée dont les femmes avaient bloqué pendant plusieurs jours l'accès au personnel de santé. "La vaccination a immédiatement commencé samedi matin, puisque les femmes ont levé le siège vendredi soir", explique le chargé de communication de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), Sory II Kéira. 

Le virus mortel est réapparu en Guinée en janvier dernier, près de quatre ans et demi après la fin de la dernière épidémie d'Ebola qui avait sévit en Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016 et avait fait plus de 11.300 morts, un bilan probablement sous-évalué selon les autorités médicales. 

Un village réfractaire à la vaccination

A Kpaghalaye, un village de la région de Nzérékoré, épicentre de ce nouveau foyer, des décès "groupés" ont alerté les autorités fin mars. Un cas positif à Ebola a été détecté dans l'entourage de ces personnes, dont on ignore toujours la cause du décès. Mais les personnels de santé envoyés dans la zone pour stopper les possibles contagions, isoler et traiter les malades et effectuer les vaccinations se sont heurtés à la résistance des habitants de Kpaghalaye.

Pendant une dizaine de jours, les femmes âgées, traditionnellement chargées des rites funéraires, les ont empêchés d'approcher en s'asseyant aux entrées du village et en érigeant des barricades. "Des centaines de personnes, hommes et femmes, ont manifesté leur désapprobation et demandé aux agents de santé de quitter immédiatement leur contrée afin qu'ils puissent enterrer dignement leurs morts", explique le ministère de la Santé.

Des réticences récurrentes

Finalement, des personnes originaires de Kpaghalaye vivant à Nzérékoré et dans d'autres villes guinéennes ont "sensibilisé les femmes du village, qui étaient en quelque sorte manipulées par des mains noires invisibles", a expliqué le chargé de communication de l'ANSS. "Plusieurs personnes qui avaient fui de peur d'une invasion des forces de défense ont regagné leur domicile", a-t-il ajouté.

Tout est bien qui finit bien, mais cet épisode de résistance a fait resurgir le spectre du massacre de Womey, où une délégation d'officiels guinéens, de personnel de santé et de journalistes a été tuée lors d'une mission de prévention contre Ebola en 2014. Un triste rappel que la campagne de prévention contre Ebola est loin d'être une tâche facile, alors que 23 cas ont été signalés depuis janvier en Guinée, principalement dans la région de Nzérékoré, proche du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d'Ivoire. Seize cas sont confirmés, dont 5 personnes décédées, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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